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Giuseppe VIGANONI

1754 ou 1757 – 1823

Né à Bergame de parents pauvres, c'est grâce à l'intervention d'un prêtre que le jeune Giuseppe apprend la musique, en commençant par le violon. Il poursuit ses études auprès de Bertoni à Venise, et débute à Brescia en 1777. Viganoni est encore fort jeune lorsqu'il paraît à Venise et Livourne en 1778 : dans cette dernière ville, il chante La Vendemmia et La Vera Costanza de Gazzaniga, avec Clementina Baglioni. Kelly le rencontre à Pise et le décrit comme « un charmant ténor. C'était certainement le meilleur mezzo-carattere d'Italie ».

Giuseppe joue les jeunes premiers dans l'opera buffa de la Comédie italienne de Piccinni, à Paris, pendant la saison 1779-80. Il y revient entre 1789 et 1792, avec la Morichelli et le couple Mandini, toujours comme primo mezzo carattere. Il n'est pas le seul ténor de la troupe, puisqu'elle comprend aussi Giuseppe Simoni et Bernardo Mengozzi. Il participe alors à des productions du Barbiere di Seviglia de Paisiello ou encore La Grotta di Trofonio de Salieri. Il y crée aussi Don Quisciotte de Tarchi, et se voit souvent attribuer de nouvelles pages composées expressément pour lui permettre de faire briller son talent dans l'ornementation (de la plume de Cherubini par exemple), quand ce n'est pas tout simplement des pages d'opéra séria qu'il insère. Au milieu de ces prestations, le ténor rentre à Naples le temps de créer I Zingari in fiera de Paisiello. Paris commente ainsi les prestations de l'artiste :
La Villanella rapita a eu un grand succès. [...] Viganoni dans le rôle du Comte a excité l'enthousiasme par la manière dont il sait unir à la chaleur de l'action, le chant le plus brillant et le plus orné.
Fabien Pillet rappelle dans son Année théâtrale de 1801 :
Le talent de Viganoni pourrait-être cité comme l'emblême de la légèreté de la facilité et de la grâce. Cet acteur était assez mal en scène ; nous trouvions sa tournure étrange, sa manière triviale ; mais son chant faisait tout excuser. Il le faut accuser cependant d'un peu d'excès, de quelqu'abus dans les agrémens dont il surchargeait son chant, abus qu'on a encore outré, en le donnant pour exemple, ou pour excuse ; abus que lui seul ou Garat peuvent se permettre, puisqu'il n'est donné qu'à eux d'exécuter avec facilité, ce qui serait pour tout autre d'une difficulté insurmontable.

Entre ces séjours parisiens, Viganoni vient glaner quelques titres de gloire à Londres en 1782-83 avec la célèbre Allegranti avant d'intégrer la prestigieuse troupe viennoise, où il crée Sandrino dans Il Re Teodoro in Venezia de Paisiello, avec le couple Mandini, Bussani, Benucci et Kelly. Il prend ainsi la place d'Adamberger mais est eclipsé par Calvesi dès la saison suivante. Le commentateur Zizendorf écrit dans son journal « ténor d'une voix admirable », en avril de cette année-là. Viganoni semble pourtant demeurer à Vienne jusqu'en 1787. On l'entend également à la Tonkunstler-Sozietät, dans une version de concert d'Ifigenia in Tauride de Traetta, avec Luisa Laschi et la Cavalieri.
Il est de retour en Italie et chante l'opera buffa comme l'opera seria, comme La Distruzione di Gerusalemme de Giordani en 1787 à Naples, avec le castrat Roncaglia. Il se produit également à Florence, Parme, Rome, Gênes, etc. On l'entend dans la toute première de L'Amor contrastato dont la renommée est encore remaquable, sous le titre La Molinara, grâce à un air composé par Paisiello pour Anna Davya. Après la parenthèse parisienne, il chante à Venise entre 1792 et 1795, principalement dans des œuvres de demi-caractère signées Nasolini ou Winter, dont la Nina, pazza per amore de Paisiello. Il s'impose également comme interprète de renom de Paolino dans Il Matrimonio segreto de Cimarosa. Le ténor se produit encore brièvement à Vienne en concert dans Gioas, re di Giuda de Cardellieri, avec la basse Saal.

À partir de 1796, Viganoni revient à Londres pour s'imposer comme pilier du King's Theatre, avec les ténors Braghetti, Luigi Brida, les basses Rovedino et Morelli ainsi que diverses prime donne buffe et serie. Il chante en concert des airs et ensembles, par exemple Guglielmi et Cimarosa en 1796, ou le trio de Don Giovanni Ah, taci ingiusto core en 1804 – l'opéra ne sera pas créé intégralement à Londres avant 1817. Il lui arrive aussi de s'accompagner lui-même à la guitare.
Le ténor s'impose surtout dans le grand genre et chante Iphigénie en Tauride de Gluck en 1796, Alzira de Bianchi avec l'indétrônable Brigida Banti ou Il Ratto di Proserpina pour arbitrer la confrontation des divas Grassini et Billington en 1804. Il est estimé par Da Ponte et se lie avec Michael Kelly, son ancien collègue à Vienne qui l'évoque abondamment dans ses Réminiscences.
Il rentre en Italie vers 1806 et chante à Venise dès l'année suivante, dans des opéras de Pavesi et Le Due Giornate de Mayr, sur le livret d'une célèbre pièce à sauvetage française. Il chante enfin une cantate écrite par son ami et compatriote bergamasque Mayr lorsque meurt le vieux compositeur Capuzzi en 1818.

À son retrait des scènes, il s'installe en effet dans sa ville natale et, outre ses fonctions à la chapelle, se consacre à l'enseignement du chant : un de ses illustres élèves est le ténor Donzelli, brillant interprète de Rossini, et lui même ensuite professeur de Gilbert Duprez. Il fréquente également le jeune Donizetti.

Il Cavaliere errante Guido T. Traetta 1778 Venise
  R. D'Ascanio, orchestre du Teatro Marrucino dir. V. Clemente – captation de représentations, Chieti 2008
Il Re Teodoro in Venezia Sandrino G. Paisiello 1784 Vienne
  Orchestre de la Fenice dir. I. Karabtchevsky – CD Mondo Musica 1998
Le Gare generose Don Berlicco G. Paisiello 1786 Naples
  M. Amati, orchestre du Giovanni Paisiello Festival dir. G. Di Stefano – Capté à Taranto 2018, CD Bongiovanni 2020
La Modista raggiratrice Gianferrante G. Paisiello 1787 Naples
  G.A. Fernandez, Orchestra e coro del teatro petruzzelli di bari dir. C. Rizzi – captation de représentations, Fermo 1987
L'Amor contrastato Calloandro G. Paisiello 1789 Naples
[ossia La Molinara] A. Misciano, orchestra da camera Alessandro Scarlatti di Napoli della RAI dir. F. Caracciolo – retransmission radio
Gioas, re di Giuda Gioas C. Cartellieri 1795 Vienne
  Rôle transposé : K. Kammerloher, Detmolder Kammerorchester dir. G. Schmalfuss – CD MG&G, 1997
Il Ratto di Proserpina Ascalfo P. von Winter 1804 Londres
> trio Mi lasci, o madre amata I. Caley, Philharmonia Orchestra dir. D. Parry – One hundred years of Italian opera 1800-1810, CD Opera Rara