Uttini se fait d'abord remarquer à Bologne en 1765 dans Le Avventure di Ridolfo de Piccinni. L'œuvre est de style giocoso, et c'est dans la même veine qu'il poursuit dans un premier temps à Barcelone (1765-66, avec la basse Pesci) puisTrieste, Gênes et Turin. Mais dans cette dernière ville, en 1769, Vincenzo paraît aussi dans Il Trionfo della constanza, dramma semi-serio (genre rare !) de Franchi avec les sopranos Camille Pasi, Geltrude Flavis et la fameuse bouffe napolitaine Marianna Monti, mais aussi le castrat Arnaboldi. C'est sans doute une porte d'entrée vers le grand genre : Uttini est Demofoonte de Traetta à Mantoue dès 1770 – il y retrouve Camilla Pasi. Mozart assiste aux représentations et commente, après avoir loué le castrat Caselli :
Concernant les ténors, celui qui s'appelle Otini ne chante pas mal, mais comme tous les ténors italiens, cela sonne très pesant ; c'est un bon ami à nous.
Uttini se produit l'année suivante dans le dernier rôle du tout dernier opéra de Metastasio et Hasse, Il Ruggiero. Le premier ténor est alors le grand Tibaldi, flanqué de la Girelli et du vieux Manzuoli. Il ne participe cependant pas à Ascanio in Alba de Mozart. Dès lors, c'est bien l'opéra sérieux qui occupe principalement le chanteur, certes sur des scènes secondaires : Crémone (avec la Spagnoli, Bellaspica et Priori), Padoue, Pérouse, Vérone, Pavie. Il revient de temps à autre au genre léger, par exemple La Forza delle donne d'Anfossi à Milan avec la basse Tasca, en 1780.
En 1783-84, Uttini est premier ténor à Londres, dans Issipile d'Anfossi (avec la soprano Lusini et le castrat Pacchierotti) mais aussi des opéras bouffes comme Le gelosie villane. Le London Chronicle se contente d'un cinglant « Signor Uttini is very indifferent ». Après le pasticcio Silla, le British Magazine and review n'est guère plus enthousiaste :
Les moyens vocaux du ténor Uttini ont semblé assez déficients, bien que fidèles aux principes de la meilleure école.
Il retrouve donc le continent après cette seule saison et chante à Mantoue en 1789, puis deux opere serie à Pérouse en 1792. C'est la dernière trace connue de Vincenzo Uttini.
Vincenzo pourrait être lié à d'autres Uttini, comme la contralto Elisabetta Uttini, qui mène une belle carrière dans la première moitié du siècle, ou encore le compositeur Uttini actif à la cour de Suède. Certaines sources indiquent qu'il est de la famille de Luigia Uttini, qui épousa Carlo Verdi et donna naissance à Giuseppe Verdi. |