Fransceco Rasi voit le jour à Arezzo, et étudie avec Giulio Caccini. Il se produit à dix-neuf ans à Rome, sous le patronage du grand-duc de Toscane. Le castrat Cavalieri commente ainsi :
Vous devez savoir que Rasi est devenu si bon, tant comme joueur de chitarrone que comme chanteur, qu'il est infiniment estimé à Rome. [...] J'affirme qu'aujourd'hui je ne vois personne qui chante mieux que lui...
Dès lors, tout le monde cherche à s'attacher les services du jeune virtuose ! C'est l'offre de Carlo Gesualdo, prince de Venosa, que Rasi accepte. Avec ce compositeur de talent, qui vient de publier ses premiers recueils de madrigaux, le ténor se rend à Ferrare, Venise et Naples. On imagine que le ténor y chante les œuvres de Gesualdo.
Rasi se fixe ensuite à Florence avant d'entrer au service du duc de Mantoue en 1598. Il retourne à Florence pour le mariage de Marie de Médicis et Henri IV, assume le rôle d'Aminta dans l'Euridice de Peri et chante dans Il Rapimento di Cefalo de Caccini. Dans la préface des Nuove Musiche, ce dernier raconte qu'il laisse Rasi orner et varier la ligne à son gré. C'est l'avènement de la voix soliste, et Rasi y participe pleinement.
Le rôle historique du ténor est néanmoins celui du poète à la lyre dans La Favola d'Orfeo de Monteverdi, donné en 1607 à Mantoue. L'année suivante, il chante dans la Dafne de Gagliano.
Ses talents de compositeur semblent ensuite s'imposer au détriment de ses prestations de chanteur : il publie divers livres de madrigaux, et propose une pastorale intitulée Cibele ed Ati pour le mariage de Catherine de Médicis avec Ferdinando Gonzaga en 1617. Il passe également par l'Autriche, où il compose encore. On perd sa trace après 1620.
Beauté du timbre, étendue de la voix de tessiture plutôt grave, virtuosité sans faille, finesse expressive : Rasi avait déjà tout du premier ténor belcantiste. À une certaine époque, les mélismes d'Orfeo ont beaucoup fait jaser et ont été considérés comme une impureté dans le chef-d'œuvre de Monteverdi, imposés par un chanteur capricieux ; c'est ne pas comprendre cette musique et oublier l'apport fascinant qu'un interprète comme Rasi devait y apporter. Rasi écrit également des textes et s'illustre comme instrumentiste au chitarrone. |