Il convient de ne pas confondre ce ténor avec le compositeur Luca Antonio Predieri. Les Predieri font partie d'une dynastie de musiciens originaires de Bologne.
Antonio Predieri est vite spécialisé dans les rôles comiques, particulièrement ceux de vieilles coquettes, figure typique de l'opéra du XVIIe.
Longtemps
employé de la cour de Parme, il est encore jeune quand il y incarne un rôle masculin dans une page de Bazzani en 1673. On n'a plus de nouvelles de lui jusqu'en 1684. Predieri chante avec ses collègues de Parme le castrat Pistocchi et le ténor Scaccia dans Zenone il tiranno en 1687, à Plaisance. On l'entend à Modène avec la basse Cottini et le castrat Chiaravalle dans Il Vespasiano, ou encore dans Il Trespulo tutore de Stradella dans la reprise de 1686, où il campe Simona, vecchia balorda.
Antonio Predieri semble également un temps au service de la cour de Mantoue. Le ténor paraît à Milan en 1687, 1688 puis en 1694 avec les castrats Origoni et Cortona. Entre-temps, on l'entends à Plaisance, Parme et Gênes. En 1696, il chante à Rome, notamment dans Il Re infante, avec le castrat Roberti. Il paraît très régulièrement à Naples à la toute fin du siècle, amusant le public en vieille servante grotesque dans des duos comiques avec la basse Cavana, chantant G. Bononcini et A. Scarlatti (Il Prigionier fortunato, 1698). Les distributions sont par ailleurs brillantes avec des chanteurs comme la contralto Riccioni, les sopranos Musi et Tarquini, les castrats Cortona, Albarelli, le ténor Scaccia, etc (voir l'affiche du Comodo Antonino de Scarlatti, ci-contre). En 1700, à Gênes, il chante Gerone de Gasparini, sans doute en tandem avec la basse bouffe Calvi, et les castrats Romani et Roberti.
Predieri passe au service du prince de Toscane. Il retrouve souvent Gênes : en 1701, 1705 pour l'Eraclea d'A. Scarlatti, et encore 1710, année où il participe à la Rodelinda de Perti à Bologne. On l'applaudit aussi pendant cette décennie à Turin et Milan. Sa dernière prestation connue a lieu à Forlì en 1710.
L'heure a néanmoins sonné pour ce type d'emploi de ténor travesti – si ce n'est dans l'opéra bouffe napolitain, avec Simone De Falco –, et les parties comiques sont généralement rejetées en intermèdes et confiées à un couple basse-contralto (ou soprano). Predieri a toutefois foulé plusieurs scènes prestigieuses et fait preuve d'un talent reconnu, endossant des personnages archétypiques souvent nommés Delfa, Zelta, Alfea ou encore Tullia. |