Plus réputé aujourd'hui comme compositeur, Jacopo comptait aussi comme l'un des meilleurs chanteurs de son temps. De fait, les musiciens se présentaient généralement avec des compétences très complètes en chant, jeu, danse, composition...
Natif de Rome, Peri est doté d'une belle chevelure blond-roux, qui lui gagne le surnom de Zazzerino (zazzera désigne une abondante crinière). Ses activités de compositeur sont très vite conséquentes, et une rivalité artistique s'installe entre Peri et Caccini, autre chantre d'un nouveau style pour le théâtre musical. Peri vise à l'émotion et imitar col canto chi parla. Néanmoins, lorsqu'en 1589 Peri chante Arion à l'occasion des intermèdes de La Pellegrina, il compose un air aux mélismes nombreux (Dunque fra torbide onde), qui témoigne du niveau de ce bariténor de talent. Il partage alors la scène avec Caccini et Archilei, entre autres.
Le ténor s'installe à Florence en 1594 pour mettre en musique la Dafne de Rinuccini, où il retrouve la divine Archilei. Peri incarne lui-même le rôle d'Apollon. Il s'agit sans doute de la première œuvre dramatique entièrement chantée, précédant de peu ce que l'on considère comme le premier opéra, La Favola d'Orfeo.
En 1600, Peri présente son Euridice. Il se réserve probablement le rôle d'Orphée, mais il n'est pas certain que Vittoria Archilei soit Eurydice : en effet, Caccini a réussi à imposer certains de ses morceaux dans l'opéra, ainsi que des interprètes de son école brillante. La rivalité entre les musiciens n'a fait que s'accentuer, mais s'avère féconde puisque chacun participe tout de même aux œuvres de l'autre : Peri chante dans le Rapimento di Cefalo de Caccini. Mais c'est ce dernier qui succède à De' Cavalieri comme surintendant des arts.
Peri n'en demeure pas moins actif et collabore avec l'ensemble des chanteurs de la famille Caccini. Ils se rendent à Rome en 1616 pour y déployer les fastes de la cour de Florence. En 1619, Peri propose Lo sposalizio di Medoro e Angelica, en collaboration avec Gagliano. Caccini ne manque pas de proposer sa propre composition, puisqu'on célèbre alors l'élection de l'empereur Ferdinand II. La Flora de 1628, servie par l'immense castrat Loreto Vittori, marque le crépuscule de la brillante école florentine. |