Né à Vertova dans la région de Bergame, Nozzari étudie d'abord auprès de Luigi Petrobelli, maître de chapelle bergamasque.
Il fait ses débuts dans l'opera buffa, d'abord à Pavie en 1794 puis l'année suivante à Padoue (Le Gelosie villane de Sarti) et Milan (Capricciosa corretta de Martín y Soler). Sa carrière se tourne pourtant rapidement vers le répertoire sérieux, qui doit mieux correspondre à son tempérament et à sa fabuleuse voix de baryténor d'agilité : en 1797, le voici à Florence où il reprend un rôle écrit pour Giacomo David, Eraclide dans I Giuchi d'Agrigento de Paisiello, et chante le pasticcio Statira avec le castrat Roncaglia et la soprano Perini. La même année, il reprend Axur de Salieri à la Scala, puis passe par Parme et Turin avant de gagner Venise pour pas moins de quatre productions en 1799. Il y renoue avec l'opera buffa, par exemple La Sposa polacca de M. Di Capua et I Finti Eredi de Sarti. Nozzari alterne les rôles dans divers types d'opéra : seria, semi-seria et buffa, à Livourne, Turin, Bergame (La Griselda de Paër en 1801).
Andrea Nozzari est engagé au Théâtre Italien de Paris pour la saison 1803-1804 et y obtient un beau succès dans Il Matrimonio segreto de Cimarosa. Parmi ses partenaires figure la soprano Strinasacchi. D'après Stendahl Andrea est « le premier homme du monde pour chanter le rôle de Paolino du Mariage secret » ; il lui prête une présence élégante, imposante et mélancolique.
Nozzari retrouve l'Italie dans l'opera seria et buffa : Gli Orazi de Cimarosa à Naples en 1807, puis une page de Mayr à Venise avec la Correa, soprano qu'il retrouve également dans Elisabetta de Pavesi à Turin. Après quelques prestations à la Fenice en 1809, Nozzari redonne une œuvre de Pavesi à Naples. Turin l'applaudit à nouveau, ainsi que Rome (1811) dans Don Giovanni de Mozart (Don Ottavio) avec les basses Parlamagni et Zambelli. Le revoici à la Scala de Milan en pleine gloire en 1811 puis 1812 dans Casella, Zingarelli et Pavesi.
Mais c'est principalement au San Carlo de Naples que le baryténor est attaché et chante constamment de 1810 à la fin de sa carrière, encore affirmé dans le grand genre par les enseignements du grand ténor Giacomo David et du castrat Aprile. Ce théâtre novateur propose des pages inattendues en Italie, en important La Vestale de Spontini et Ifigenia in Aulide de Gluck (1811 et 1812 respectivement), Il Califfo di Badgad de Boïeldieu (1821) et même Le Nozze di Figaro (1815) de Mozart et La Creazione del Mondo de Haydn (1821), ou reprenant La Lodoiska de Mayr (1818) ou Nina de Paisiello. Il y crée nombre d'œuvres marquantes de l'histoire de l'opéra, notamment Medea in Corinto de Mayr, Gabriella di Vergy de Carafa et maintes pages de Rossini, comme Otello et Armida. Ces pages connues écrites sur mesure donnent une idée des moyens immenses de Nozzari. Outre Rossini, le ténor crée aussi une myriade d'opéras de Morlacchi, Fioravanti, Farinelli (Caritea regina di Spagna, 1814), Nicolini, Andreozzi, Carafa (Berenice in Siria, 1818), Manfroce, Generali, Mayr, Sapienza (Rodrigo en 1823) et des compositeurs de la génération suivante : Donizetti, Mercadante, Pacini et Vaccai. Au fil des ans, il y côtoie les ténors Manuel Garcia, Giovanni David (fils de son mentor Giacomo) et Donzelli, ainsi que les sopranos Maria Marchesini, Teresa Pontiggia, Elisabetta Pinotti et bien sûr la légendaire Isabella Colbran. Avec cette dernière, il se rend à Vienne pour représenter Zelmira, sa dernière création avec Rossini.
Après avoir quitté la scène après 1825, Nozzari enseigne, notamment aux ténors Rubini et Ivanoff. S'il est surtout connu pour ses créations rossiniennes, il ne faut pas oublier que ce ténor est l'héritier direct de l'opéra des années 1790 (l'école de Paisiello, Zingarelli, Cimarosa) ; Andrea fait ainsi le lien entre la vocalité belcantiste du XVIIIe et l'époque préromantique, à l'orée des années 1720. Ses moyens étaient exceptionnels : virtuosité affirmée sans être la plus exhubérante, belle ampleur déclamatoire (il reprend des tragédies lyriques). Sa spécialité, outre l'exhibition d'un ambitus immense, étaient les arpèges qu'il faisait sonner de façon impressionnante (cabalette d'Antenore par exemple, ou trio de La Donna del lago). L'Othello de Rossini plonge jusqu'au la1 bémol, tandis que dans La Donna del lago, une roulade dégringole d'un contre-ut attaqué de front jusqu'au do2 deux octaves plus bas ! Le Ménestrel de 1863 se souvient d'un « excellent artiste, dont la voix avait plus d'étendue que de beauté ».
Nozzari s'inscrit dans l'école de Bergame, qui à partir de Giacomo David s'est imposée comme un vivier de ténors de premier plan, dont Giovanni David, Crivelli, Donzelli, Bordogni et enfin Rubini. |