Domenico Mombelli est l'un des ténors les plus célébrés de la fin du XVIIIe siècle, avec Giacomo David ou encore Matteo Babbini. Il naît à Vercelli, dans le Nord de l'Italie.
C'est comme organiste qu'il entame sa carrière musicale, à Crescentino, où il monte aussi un opéra de sa plume, Didone, en 1776. Mais son succès explose comme chanteur en 1780 à Venise dans Nitteti d'Anfossi avec Roncaglia et la Gabrielli. La ville devient l'un de ses lieux privilégiés, en plus du San Carlo de Naples où il débute en 1783, notamment dans Oreste de Cimarosa, avec la Balducci, entre autres pages d'Alessandri ou Guglielmi. Il participe également, à Caserte, à la première locale du Barbiere di Seviglia de Paisiello, à peine créé à Saint-Pétersbourg, et partage l'affiche avec les meilleurs chanteurs du genre : les basses Morelli et Trabalza, la cantatrice Coltellini, et même l'immense Ludwig Fischer. Mombelli se produit assidûment à Naples jusqu'en 1786, interprète privilégié de Paisiello, dont il chante aussi Il Ritorno di Peleo et L'Olimpiade, toujours avec Roncaglia. Il y fait aussi la connaissance d'une superbe soprano employée à Vienne et réputé dans le genre buffo et le demi caractère : Luisa Laschi, alors de passage en Italie.
Mombelli et Laschi se marient et le ténor est engagé à Vienne où il se rend en 1786. Il y retrouve donc essentiellement le buffo, participant à son arrivée aux Finti Eridi de Sarti puis en 1788 aux Gelosie fortunate d'Anfossi, avec Albertarelli, Dorotea Bussani et Benucci. Il partage aussi l'affiche avec Luisa dans L'Ape musicale proposé par Da Ponte, où chaque chanteur a l'occasion de présenter le meilleur de son répertoire, soir après soir ; Mombelli y chante par exemple un extrait d'Erifile de Giordani, qu'il avait eu l'occasion d'interpréter en Italie. En 1788, il donne aussi en concert son oratorio La Morte, e la Deposizione dalla croce di Gesù Cristo, auquel il participe avec son épouse.
Chassés de la compagnie en 1789, le couple retourne dans son pays natal ; Domenico Mombelli y crée L'Olimpiade de Federici à Turin. Malheureusement, Luisa meurt (probablement en couches) en 1790. Le ténor veuf se remarie avec Vincenza Viganò, nièce du célèbre chorégraphe et danseuse, puis chante à Livourne, après Turin, et retrouve Naples dès 1791, dans des opéras de Robuschi, Marinelli, Winter, Piccinni, avec la Banti. L'une de ses créations mémorables est l'Elfrida de Paisiello, sur un livret du réformateur Calzabigi. Mombelli chante là encore avec Roncaglia, très présent à Naples, et la diva Macciorletti-Blasi. Il retourne aussi à Venise, comme en 1794 pour Antigono de Caruso. Il est ensuite à Naples puis Vienne, où il retourne pour interpréter l'opera seria Palmira, regina di Persia, avec Marianna Sessi et les basses Angrisani et Saal.
De retour en Italie, c'est à Venise au San Benedetto que Mombelli s'installe pour finir le siècle, en commençant par Merope de Nasolini en 1796, ensuite repris avec lui à Bergame. Il chante aussi Pirro de Zingarelli, et durant ces quelques saisons partage la scène avec la grande soprano anglaise Elisabeth Billington. Il chante Marinelli, Trento, Nasolini, G. Farinelli, Andreozzi, Portogallo, et si c'est surtout l'opéra séria qui est donné, Mombelli et la diva participent aussi à I Viggiatori felici d'Anfossi en 1797. En outre, Mombelli prend part aux créations du jeunes compositeur allemand Mayr comme Adriano in Siria et Adelaide di Guesclino en 1798 et 1799. Il se consacre ensuite de plus en plus aux farse et crée une Sonnambula de Paër en 1800.
À partir de l'été 1801, Mombelli retourne à Naples et chante notamment Andreozzi, Tritto et Guglielmi (Siface e Sofonisba, ci-dessus). Il rejoint ensuite Lisbonne pour La Didone abbandonata de Portogallo, avec la phénoménale Angelica Catalani et le castrat Mattucci en 1803. La troupe continue de créer les pièces du compositeur portugais, et reprend les succès italiens de Paisiello ou Zingarelli jusqu'en 1806, après quoi Domenico monte une troupe itinérante avec ses filles Anna et Ester, ainsi que la basse Olivieri. La troupe retourne se produire à Lisbonne jusqu'en 1809, et revient à Padoue et Milan.
Domenico prend le jeune Rossini sous son aile dès 1805 et l'aide à composer Demetrio e Polibio (sur un livret de son épouse), à la création duquel il participe en 1812 à Rome puis à Milan et Bologne, toujours avec sa troupe familiale. Castil-Blaze soutient qu'il chante encore à soixante-dix ans ! De fait il est encore à Florence en 1817 avec ses filles pour Oscar e Malvina de Sampieri.
Cette exceptionnelle longivité est le fruit d'une technique belcantiste parfaite, qui permet aussi à Giacomo David de chanter à un âge fort avancé. Les écarts imposés aux grands voix dramatiques d'agilité de l'âge romantique écourteront ensuite sévèrement les carrières. Mombelli incarne donc l'un des derniers représentants d'une ère qui touche à sa fin, et laisse entrevoir un idéal soupiré avec nostalgie par Rossini et tous les amoureux du bel canto. |