La vie de Johann est extrêmement riche d'activités diverses : lexicographe, traducteur, diplomate, chanteur d'opéra, compositeur, librettiste, théoricien et critique musical... Dans tous ces domaines, Mattheson parvient à se distinguer ! C'est sur son activité de chanteur que nous nous concentrerons ici.
Johann est le fils d'un percepteur hambourgeois, qui lui donne une excellente éducation, très variée – ce qui lui sera assurément profitable par la suite. Mais c'est vers la musique que ses dons le portent : à neuf ans, Mattheson est un petit prodige, qui joue de l'orgue et chante dans les églises de Hambourg.
Sa voix est excellente au point que Gerhard Schott, alors directeur de l'opéra, engage le garçon. La passion de la scène s'empare de Johann, qui renonce à ses études de droit pour accorder tout son temps à l'opéra. De plus, ses succès lui ouvrent les portes d'une vie agréable et enivrante, notamment lorsqu'il devient page de la cour hambourgeoise du roi de Norvège.
À l'opéra, après avoir chanté dans les chœurs et interprété des rôles mineurs dès 1690 comme soprano (Aeneas de Franck), Mattheson débute dans une partie importante en 1696, en habits féminins, à Kiel. Mais bien vite sa voix mue et dès l'année suivante, il apparaît dans les personnages masculins comme ténor.
Mattheson s'impose comme une des étoiles du chant à Hambourg ; il maîtrise parfaitement tous les rouages du genre baroque hambourgeois, où l'opéra est chanté en allemand tout en proposant des airs et chœurs en italien et en français, le style musical s'adaptant à l'idiome chanté. On y apprécie les voix naturelles, et l'Allemagne reste longtemps un vivier d'excellentes basses. Mattheson est toutefois ténor, et se lance comme compositeur en 1699, avec l'opéra Die Plejades dans lequel il joue aussi Jupiter. Il dirige et chante les opéras de Conradi, Kusser, Keiser, Bronner... soit plus de soixante productions ! Citons notamment le rôle titre d'un Victor en 1702, de sa plume et d'un certain Schiefferdecker, puis Mutius Scaevola dans son Porsenna.
Le ténor rencontre Haendel en 1703. Les deux musiciens entretiennent une amitié tumultueuse, culminant dans un duel à l'épée à l'issue de la Cleopatra de Mattheson, opéra dans lequel ce dernier chante Antoine : Haendel a refusé de rendre sa place au clavecin au compositeur pour diriger la fin de l'opéra. Dans ses mémoires, Mattheson attribue la survie de Haendel à un bouton de veste... La brouille est de courte durée, et Mattheson met son talent de ténor au service du Saxon dans ses premiers opéras, Almira et Nero, en 1705. L'influence de Mattheson sur Haendel est très importante, et les opéras de ce dernier empruntent régulièrement des airs composés par Johann.
C'est sans doute à ce moment-là que la carrière lyrique relativement courte de Mattheson prend d'autres directions. Il demeure à Hambourg et travaille comme secrétaire pour un diplomate anglais, fait jouer ses multiples compositions, traduit et arrange des livrets pour l'opéra (Aesopus de Telemann d'après Pariati), écrit traités et critiques, etc.
Il est nommé maître de chapelle en 1715, et laisse une douzaine d'oratorios. Ses opéras sont d'une haute valeur musicale, et ses commentaires sur la vie théâtrale de l'époque s'avèrent aujourd'hui précieux. |