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Matteo Lucchini est originaire de Venise. C'est là qu'on le repère d'abord en 1716 dans des rôles féminins, avec La fede ne' tradimenti de plume anonyme. L'année suivante, il entre au service de la princesse de Toscane à Florence et se produit dans plusieurs opéra dont Il Principe corsaro d'un certain Clari et un Tamerlano anonyme. Ses prestations le mènent entre Sienne, Modène, Padoue, surtout dans des intermezzi, puis de nouveau Venise à partir de 1719 dans des opéras de Buini (Armida delusa, etc.). Il est à Rome en 1721, pour Crispo de G. Bononcini et Griselda d'A. Scarlatti, avec les castrats Bernacchi, Fontana, Carestini et Bartolomeo Bartoli.

C'est à partir de cette année-là qu'on identifie la production d'œuvres lyriques de Lucchini, qui débute à Este avec Dal finto nasce il vero. Il continue de chanter tout en proposant ses opéras (à Rovigo, par exemple), et se produit à Vérone en 1723-24 dans Cleonice de Ristori et Il Tolomeo de Buini. Il est alors engagé pour San Marco mais se voit accorder une année pour aller à Dresde.
En 1724, le ténor se rend donc en Saxe pour chanter à l'église catholique de la ville, dans laquelle il retrouve notamment le castrat Niccolò Pozzi, et chante les œuvres de Zelenka. Loin de se limiter à une seule année, son séjour semble se prolonger jusqu'en 1731, ce qui lui permet de se produire régulièrement au théâtre Sporck de Prague, où le ténor et impresario Denzio présente aussi ses ouvrages : on identifie La Caduta di Baiazetto en 1728, Amore trionfante en 1729 puis Il Ritorno del figlio en 1730. Il chante également Pompeo dans Farnace de Vivaldi en 1730 avec Denzio et Girolama Madonis. Ses pairs reconnaissent ses talents de compositeur et la soprano Margherita Gualandi (la Campioli) lui passe commande de douze airs, qu'il aura du mal à se faire payer...

Après son passage à Dresde (il quitte la chapelle en 1732) et Prague, Lucchini passe par Wrocław et Brno, jusqu'en 1734. Il tente de monter une nouvelle troupe d'opéra à Prague, mais échoue et rallie la compagnie Malá Strana, pour laquelle il compose Alessandro nell'Indie en 1734. Le reste de sa carrière se déroule cependant à Brno, dans la troupe qui succède à celle des Mingotti. Lucchini y chante encore en 1738, dans trois opéras de sa plume, dont un Arsace. Il écrit d'autres œuvres mais ne s'y produit plus lui-même.