Ce ténor venu de Forli paraît sur des scènes italiennes de second plan au début des années 1750 : d'abord Spolète en 1751 (Alceste dans Antigona de Galuppi avec le ténor Magalli, les castrats Belardi, Belli, Venturini et Mazzanti) puis comme premier ténor à Pérouse (1752) et Pesaro (1752 et 1753), notamment dans Merope de Jommelli avec les castrats Santi et Conforti. On le retrouve au San Samuele de Venise pour l'Ascension de 1753 dans La Rosmira fedele de Cocchi avec le castrat Luini, la contralto Fabris et un autre castrat qui sera longtemps son partenaire, l'alto Emiliani.
En effet, dès la fin de l'année Lucchi et Emiliani se trouvent ensemble engagés à la cour de Munich où le duc de Bavière fait inaugurer une magnifique salle, le théâtre Cuvilliés, du nom de l'architecte. C'est le maître de chapelle de la cour bavaroise Ferrandini qui compose le Catone in Utica inaugural avec ceux qui seront les principaux partenaires de Lucchi dans les années suivantes : la prima donna Maria Anna de Thurbert, la seconda donna Perprich, le secondo uomo Emiliani et le second ténor Bertolotti. On a fait venir le castrat Belardi pour l'occasion. Jusqu'en 1756, Lucchi est donc premier ténor d'une cour qui veut reprendre une certaine envergure artistique, invitant par exemple le castrat Mazzanti. On entend aussi Antonio Casati et Stefano Leonardi. On joue essentiellement les œuvres du maestro Bernasconi, par exemple Adriano in Siria, Bajazet et Didone abbandonata ou encore les oratorios métastasiens en vogue comme Giuseppe riconosciuto, La Betulia liberata... Cette dernière page de Bernasconi aura beaucoup de succès localement, et sera reprise régulièrement. Lucchi fait partie de l'effectif jusqu'en 1760 mais ne chante plus comme soliste après 1756. À son départ, Lucchi est remplacé par l'excellent Panzacchi.
Après ces sept ans en Bavière, on retrouve Lucchi en Italie : quatre productions à Florence en 1760, accompagné par la Pilaja, puis Pise avec Elisabetta Ronchetti, et Parme avec le castrat Priori dans Il Re pastore de Galuppi en 1762. L'année suivante le voit à Bologne, mais dans une pièce légère, avant Vérone en 1764 dans le pasticcio L'Alessandro nell'Indie avec la Spagnoli et le castrat Cornaggia. Sa trace est ensuite perdue.
Lucchi chante aussi à Vienne au cours des années 1750, sans doute vers 1755. |