Ce ténor natif de Bologne connaît une carrière à succès étonnamment longue !
On le remarque d'abord dans sa ville natale en 1759 puis 1762, notamment dans des pages de Galuppi. Il paraît ensuite à Florence et Mantoue avant Venise en 1764-65, avec Bussani et Cosimi, participant à L'Amore in ballo de Paisiello.
Agostino est à Vienne en 1766-67, et participe entre autres à la création de l'Amore artigiano de Gassmann, avec comme premier ténor Caribaldi, ainsi que la soprano Clementina Baglioni et la contralto Eberardi. Après une nouvelle parenthèse italienne, il reprend ses pérégrinations européennes et chante même comme secondo uomo serio à Copenhague en 1771 même s'il y est aussi employé dans le genre léger.
À Venise en 1772-73, Lipparini chante dans quatre productions, parmi lesquelles La Tomba di Merlino de Gazzaniga, avec la Gibetti. Les années suivantes le portent sur des scènes mineures, hormis sans doute Parme, jusqu'à Rome en 1777, et d'autres villes du Nord (Reggio, Modène, etc.). Il débute à Naples en 1780, mais durant la décennie, Agostino continue plutôt de servir les villes du Nord comme Turin, Milan (par exemple en 1785, Il Talismano de Salieri avec Santi Nencini), Padoue, Trieste, Florence... et régulièrement Rome. Son répertoire repose sur les compositions de Cimarosa et Paisiello ainsi qu'Andreozzi, Caruso, Traetta, Gazzaniga, Anfossi, Sarti, etc. À partir de 1784, Lipparini commence aussi à se produire avec le chanteur bouffe Giuseppe Lipparini, dénommé Lipparini junior : son fils ? D'autres Lipparini paraissent d'ailleurs à cette époque : une Luigia, une Teresa et un Giovanni.
En 1791-92, Agostino et Giuseppe sont à Londres, avec le ténor Lazzarini, et chante notamment Paisiello (La Molinarella). En réalité, il avait été conseillé pour la capitale britannique par la soprano Carmignani dès 1774, notamment car il était moins exigeant que Lovattini et Caribaldi, illustres rivaux. Retrouvant le continent, Agostino continue d'écumer les théâtres du Nord comme Gênes, Vicence, Mantoue, Lugo, Trieste (il y donne Geronimo dans Il Matrimonio segreto en 1794), Vérone, Lucques, Reggio et Bologne. On l'entend à Macerata en 1800 dans Il Credulo de Luigi Gatti : il s'agit sans doute d'une de ses dernières prestations.
Sa carrière lui permet de côtoyer le ténor Braghetti, les basses bouffes Bussani, Cipriani et Morelli, les filles Baglioni, la Morichelli, le castrat Damiani... S'il n'est sans doute pas exactement au même plan que les grands ténors du répertoire, doués pour les comiques de demi caractère – on songe justement à Lovattini, Caribaldi, Calvesi... –, Lipparini s'impose durablement pour ses talents dans le bouffe. Du reste, plutôt que les amoureux, il chante les rôles généralement incarnés par un primo buffo caricato doté d'une voix de basse. |