Karsten voit le jour à Ystad en 1756. Doté d'une voix de ténor, il est repéré par la reine Lovisa Ulrika de Prusse, qui l'élève au rang de chanteur de cour. Il débute dans les chœurs, et participe ainsi en 1773 au fameux Thetis och Pelée où brille le couple Olin-Stenborg. Karsten début comme soliste dans le rôle titre de l'opéra ballet Adonis en 1776. La critique se réjouit :
La direction de l'opéra oppose enfin un rival à Mr Carl Stenborg en la personne du jeune Karsten, qui a fort bien joué et chanté dans le rôle d'Adonis. Même sans l'artifice du costume et du maquillage, il offre une physionomie agréable et un beau physique, grand et mince.
Et de s'amuser de la déconvenue d'Olin, devant renoncer à donner la réplique à son amant pour chanter avec un garçon tiré du chœur.
Parti polir sa technique au Danemark auprès du ténor Michelangelo Potenza, Karsten revient et chante Bore dans le prologue d'Amphion en 1778. C'est un triomphe, et le ténor s'impose comme le meilleur chanteur d'opéra de Suède, avec Carl Stenborg. On l'admire autant pour sa beauté que pour son chant. Sa voix est belle, claire, et d'une grande étendue. La puissance de sa déclamation fascine les auditeurs, et se révèlent comme parfaitement antagonistes de la suavité et de la délicatesse de Stenborg : deux écoles différentes.
En 1780, Il reprend le rôle d'Orphée du répertoire de Stenborg, mais ne convainc pas Kellgren, l'un des traducteurs des livrets à la cour. Pour autant, ses incarnation gluckiennes sont très prisées, notamment son Achille face à l'Agamemnon de Stenborg dans Iphigénie en Aulide. De fait, Karsten doit se partager les rôles et la scène avec Carl Stenborg dans Aneas i Carthago, Gustaf Wasa ou encore Proserpin, pour ne citer que quelques titres.
En 1787 il entre à l'Académie royale de musique. Remercié à la fermeture de l'opéra, il est réengagé en 1809, repart quelques années plus tard et réserve ses apparitions à des concerts ou occasion exceptionnelles. C'est ainsi qu'à 61 ans, il reprend le rôle titre d'Œdip i Athen (d'après Sacchini) pour un gala en l'honneur de Karl XIII.
Mariée à la polonaise Sophie Stebnowska, il a une fille, Sophie, qui devient danseuse et épouse Filippo Taglioni. La Taglioni qui enchantera l'opéra de Paris est ainsi la petite-fille de Karsten.
Le succès de Karsten dépasse les frontières puisqu'entre 1783 et 1811 il se produit aussi à Copenhague, Berlin, Londres et pour finir Paris.
Il s'agit d'un des meilleurs chanteurs suédois de l'histoire, et du premier à connaître une carrière internationale. |