Francesco Guicciardi mène sa carrière alors que les ténors demeurent au second rang des distributions, mais réussit à se hisser parmi les meilleurs de sa génération, des années 1700 à 1720. Au service du duc de Modène, comme beaucoup d'excellents chanteurs, il va se produire très régulièrement dans les villes du Nord. À Venise, il chante le rôle titre d'Artaserse de Giannettini en 1705, avec Nicola Paris ; à Florence, il interprète le premier opéra italien de Haendel, Rodrigo, en 1707. On le repère également brièvement à Vienne pour Muzio Scevola de Bononcini, qui rassemble de nombreux excellents interprètes dont Cortoncino, Orsini, la Landini, le vétéran Antonio Borosini et le ténor Garghetti.
En 1714, le ténor est à Rome, avec les castrats Natali, Berselli et Baldassari, et interprète des opéras de Caldara, dont Tito.
Guicciardi se produit également à Turin dans les opéras de Fiorè, Naples avec Bulgarelli et Bordoni (1717), et Venise, notamment dans le fameux Ariodante de Pollarolo (1716) qui voit débuter la Bordoni.
C'est dans cette dernière cité qu'il est engagé pour Dresde, alors indéniablement l'un des opéras les plus prestigieux d'Europe : il partage la scène avec Santa Stella, Boschi, Senesino, puis la Tesi et Durastanti entre autres ! Il interprète Ascanio, Giove in Argo de Lotti, La Gara degli Dei de Heinichen, etc. C'est là qu'Haendel s'arrête lors de sa tournée de recrutement en 1719. Entendant le ténor, il lui propose un contrat, mais seule Durastanti se rend à Londres. La compagnie dresdoise est cependant dispersée en 1720, et le ténor repart se produire de ville en ville.
À Livourne, il est dans la Ginevra de Sarro, avec la jeune Strada ; à Venise, il chante Ottone dans le Nerone d'Orlandini en 1721, dans le Timocrate de Leo, avec Tesi et Nicolino en 1723, ainsi que d'autres opéras de Pollarolo. Guicciardi se fait entendre à Pesaro l'année suivante, avec Mlles Orlandi et Gualandi, et la basse Imperatori.
En 1729, le ténor, qui se présente toujours comme virtuose de la cour de Modène, écrit au secrétaire du duc afin que l'on intervienne en sa faveur : sa carrière touche à sa fin, et certains impresarios lui préfèrent d'autres ténors, à son grand dépit. Il donc probable qu'il se retire au cours des années 1730.
Le rôle écrit pour Guicciardi dans Rodrigo exige un virtuose de premier ordre, avec de longues coloratures et un ton guerrier courant pour les personnages de ténor de l'époque.
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