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Luigi GRASSI

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Aussi [Ludwig]

Ce ténor romain n'est identifié qu'à la cour du roi de Prusse, où il semble mener l'intégralité de sa carrière.
Le souverain Frédéric II avait largement tendance à privilégier la stabilité, et à maintenir d'une main de fer ses artistes à son service pendant de longues années, s'ils lui convenaient. Dans un ensemble qui privilégie les voix aiguës, il n'y a de place que pour un unique ténor : de 1743 à 1768, c'est Antonio Romani qui occupe cette fonction, et prête sa voix haut perchée et très agile aux partitions du maître de chapelle Graun.
C'est donc naturellement à la mort de ce dernier, en 1768, que Grassi prend le relais et fait ses débuts à Berlin dans Catone un Utica de Graun. Il s'agit d'une reprise, comme la totalité du répertoire que le roi conservateur souhaite faire jouer, ressassant inlassablement les partitions d'un Graun décédé en 1759, mais aussi de Hasse, autre compositeur à son goût. Grassi marche donc constamment sur les pas de Romani, accompagné de fidèles de la cour tels que les castrats Porporino, Concialini, Bedeschi et Coli, avec la soprano Gasparini. Seule la position de prima donna est moins stable, et voit passer notamment la jeune Mara dans les années 1770, ou encore la splendide Todi dans les années 1780. Citons donc des apparitions de Grassi dans Didone abbandonata de Hasse en 1769, L'Europa galante de Graun en 1774 avec aussi Benedetta Molteni, Orfeo de Graun en 1784... Rares concessions à des créations récentes, Grassi participe à une production du Piramo e Tisbe de Hasse en 1771 et à l'Orfeo de Bertoni en 1788. L'arrivée du maestro Reichardt se traduit par la création d'un répertoire nouveau : Andromeda en 1788 puis Protesilao l'année suivante, avec entre-temps la création de Medea in Colchide de Naumann, opéras centrés sur le trio Concialini-Todi-Grassi.
Ces quelque vingt années de carrière suffisent à Grassi, et une chronique berlinoise se fait l'écho de son déclin en 1789 :
Herr Grassi (basse [sic]) : pères, méchants, tyrans, très doué de son temps. Aujourd'hui, cela ne va tout simplement plus. On voit et on entend que son chant s'est aigri. L'aigu a disparu. (...) Ses graves ont encore beaucoup de métal, et l'acteur sent ce qu'il joue.
Grassi rentre en Italie et meurt à Pise.

Il Tribunale di Giove Marte K. von Dittersdorf 1775 Berlin
  J. Rousek, dir. Hanzlík – captation de représentations, Olomouc 2019