Le ténor écossais reçoit une solide formation à l'université d'Aberdeen et part pour le continent vers 1710. Il passe par l'Allemagne, la France et l'Italie où il débute sa carrière de chanteur, dont la première trace est à Messine dans La Principessa fedele de Carlo Monza, puis à Naples entre 1716 et 1718. Il crée ainsi Sofonisba de Leo ou encore Lucio Papirio d'Orlandini avec Anna Dotti. De cette expérience italienne date probablement sa passion pour l'archéologie et l'antiquité, en particulier le souvenir des vestiges de Capoue.
De retour en Angleterre en 1719,
Alexander Gordon chante occasionnellement pour l'Académie royale de musique de Haendel, et parcourt l'Écosse en donnant des leçons de chant. En 1720, il donne Narciso de D. Scarlatti et crée Tiridate dans Radamisto avec Durastanti, Baldassari et A. Robinson, puis Flavio trois ans plus tard avec Senesino. En 1721 puis 1722, le ténor interprète des cantates de Porpora en concert. Il participe aussi au Coriolano d'Ariosti.
On suppose que Gordon était pressenti pour Bajazet dans Tamerlano, mais c'est l'immense Borosini qui assurera le rôle à son arrivée à Londres.
Gordon est alors sensé s'être retiré de la scène, mais il chante encore sans doute les parties de ténor dans les chœurs, comme au début de Giulio Cesare.
C'est à l'histoire que s'intéresse ensuite le ténor, qui multiplie les publications dès 1726 : il s'intéresse à sa région d'origine, mais aussi au pape Alexandre VI, aux amphithéâtres romains et aux momies égyptiennes. Il finit sa vie comme propriétaire d'une plantation de coton en Caroline du Sud.
Vocalement, Gordon semblait parfaitement maîtriser le canto di sbalzo et montrait une aisance particulière dans l'aigu : l'air Stragi, morti, sangue ed armi de Tiridate réclame une quinzaine de la4. Ces particularités vocales sont communes aux ébauches de Haendel pour une première version du rôle de Bajazet, d'où les hypothèses en faveur d'une implication du ténor écossais. Son talent ne devait être négligeable pour qu'Haendel lui confie des rôles difficiles vocalement (et lourd dramatiquement, pour Bajazet) et pour avoir su s'imposer en Italie. |