Né en Sicile sous le simple nom de Guglielmo Ettore, ce brillant ténor est tout d'abord signalé à Naples à la fin des années 1750.
Il y débute probablement dans Temistocle de Jommelli en 1757 (Sebaste), et se produit aussi dans Achille in Sciro de Hasse deux ans plus tard, où il n'est que Nearco. Il y fréquente le compositeur saxon, ainsi que les castrats Giuseppe Belli et Pietro Santi.
Une lettre de recommandation vante les mérites du jeune ténor au Padre Martini installé à Bologne en 1760, néanmoins c'est à Reggio Emilia qu'on retrouve Ettore en 1761 dans Demofoonte de Piccinni avec Manzuoli, puis à Pavie dans Viriate de Valentini. Lorsqu'Andrea Bernasconi, maître de chapelle à Munich, s'adresse au Padre Martini pour trouver de nouveaux chanteurs, le nom du ténor est évoqué et Ettore est engagé à la cour bavaroise.
Dès ses débuts locaux dans Temistocle de Bernasconi en 1761 (Lisimaco), le ténor se taille un succès éclatant qui lui vaut de recevoir un traitement généreux ; il remplace même le valeureux Panzacchi comme premier ténor dans L'Olimpiade. Guglielmo se produit cependant relativement peu en Bavière et chante à Turin dès 1765 dans L'Olimpiade de Hasse et Montezuma de De Majo. Pilaja, Cicognani et Aprile l'accompagnent sur scène. C'est sans doute à cette époque que le roi Carlo Emmanuele I le nomme cavaliere et que le ténor se fait désormais appeler D'Ettore. Après avoir interprété divers opéras de Sarti à Turin et Vérone, suivi d'une prestation à Venise, D'Ettore rentre à Munich pour Demofoonte de Bernasconi en 1766, avec le castrat Andrea Grassi.
Dès la fin de l'année il est de nouveau en Italie, à Lucques puis Turin, notamment dans Mitridate de Quirino Gasparini avec la Girelli. D'Ettore repasse brièvement à Munich pour La Clemenza di Tito de Bernasconi, et se rend à Milan pour Alceste de Guglielmi, sur le livret de Calzabigi déjà mis en musique par Gluck. Sa dernière prestation munichoise a pour cadre Scipione in Cartagine de Sacchini, avec Camilla Mattei et le castrat Potenza, en 1770. Il est ensuite à Venise, Padoue, puis Milan pour le carnaval 1770-71, occasion de retrouver le rôle de Mitridate, confié à un compositeur de quatorze ans nommé Mozart.
La collaboration se révèle houleuse ; le ténor alors au sommet de sa carrière entend bien imposer ses prérogatives à l'adolescent. Il fait réécrire cinq fois l'air d'entrée Se di lauri, et impose la version de Q. Gasparini de Vado incontro al fato estremo. Il est fort probable que l'« ennemi » ou la « méchante personne » évoquée par Leopold Mozart dans sa correspondance soit Guglielmo D'Ettore.
Cependant, le ténor est déjà malade, et sa prestation ne fait l'objet d'aucun commentaire dans la presse ni dans les lettres des Mozart ; seul le succès de la Bernasconi est souligné. Le duc Charles II de Wurtemberg s'attache les services de Guglielmo pour quatre ans, avec un salaire à la hauteur de sa réputation. Schubart l'entend donc à Ludwigsburg et se dit frappé par son expressivité. Néanmoins, D'Ettore est emporté par la maladie au cours de l'hiver 1771-72. Burney commente ainsi la nouvelle :
Concernant les ténors, le duc a encaissé une lourde perte cet hiver en la personne du Cav. Ettori [sic], qui était reconnu par les Italiens comme le meilleur chanteur de ce registre pour l'opéra sérieux.
Vocalises jusqu'au contre-ré dans l'air Del più sublime soglio ( La Clemenza di Tito, Bernasconi)
Le ténor, également compositeur de Duetti notturni dans la meilleure tradition italienne, disposait d'une voix souple étendue sur deux octaves et une quarte. Tous les airs composés pour lui mettent en valeur son aptitude particulière au canto di sbalzo et la facilité de son registre aigu, jusqu'au contre-ré. Le rôle de Mitridate est à ce titre particulièrement ardu, avec des sauts d'intervalle dépassant la douzième, et nombre de si3 et do4. |