Natif de Milan, Giovanni Croce apparaît d'abord à Palerme en 1746, notamment dans Alessandro severo de Bernasconi avec la Mestrina et le castrat Andreoni. En 1747-48, le voici premier ténor à Naples, chantant Hasse, Cocchi et Latilla avec Gizziello. Il est à Livourne l'année suivante, avec le soprano Serafini et Prudenza Sani.
Croce est avec cette dernière membre de la compagnie italienne de Mingotti qui paraît à Hambourg (Ezio, 1750) : il y côtoie aussi les castrats Scogli et Ricciarelli et les chanteuses Marianna Galeotti et Fabris-Afferri, qui seront des partenaires réguliers. On l'entend aussi à Leipzig en 1751, avec la Ronchetti, puis à nouveau en Italie à Gênes et Venise (Demetrio de Perez avec le castrat Venturini).
C'est en Scandinavie que Croce se fixe ensuite, toujour associé à la troupe Mingotti : il est un pilier du théâtre royal de Copenhague dès 1752, dans des pasticci ou des reprises (Argippo de Vivaldi). Le ténor crée en outre des pages de Scalabrini (Diomeda 1753), Sarti (Antigono, Demofoonte) et Uttini, jusqu'en 1755, où on l'entend une dernière fois dans un Gianguir. La troupe compte la soprano Sani, le castrat Scogli et les sopranos et contraltos Galeotti, Fabris et Scarlatti.
En 1754, c'est à Copenhague que la reine de Suède vient chercher des chanteurs italiens pour enrichir son ensemble musical et produire ce genre lyrique. Croce est recruté, et incarne Apollon dans un impromptu avec la troupe française, puis une petite pièce d'auteur anonyme intitulée Galatea.
Dès l'année suivante Croce est nommé chanteur de cour pour dix ans. On lui adjoint des collègues italiens venus de Copenhague à leur tour : le jeune compositeur italien Francesco Uttini, nommé maître de chapelle, et son épouse Rosa Scarlatti. Le 24 juillet 1755, on donne Il Re pastore d'Uttini pour l'anniversaire de la reine, avec d'autres artistes invités de Copenhague (Scogli, Fabris, Galeotti). Croce inaugure aussi le pavillon chinois de la résidence royale de Drottingholm, déguisé pour la circonstance, avec son partenaire Scogli. Diverses circonstances empêchent la production d'opéra pendant un an, mais Croce retrouve l'opéra à Stockholm en 1757, dans L'Eroe cinese d'Uttini. En Suède, on loue son talent au-delà de celui de tous ses partenaires, et son art est favorablement comparé aux artistes qui lui ont succédé. Son influence vocale fut notable, puisqu'il enseigna à la soprano suédoise Elisabeth Olin. La reine compare Croce au castrat Salimbeni et au ténor Romani, grands virtuoses de la troupe berlinoise. Il décède en Suède dans la plus haute estime.
La partition d'Agenore dans Il Re pastore d'Uttini est écrite pour un baryténor virtuose, prodigue en trilles. |