Liste des sopranos

Liste des contraltos

Liste des castrats

Liste des tenors

Liste des basses

Gaetano CRIVELLI

1768 – 1836

Ce ténor voir le jour à Brescia, où il reçoit sa formation musicale sous la houlette d'un certain Bresciani ; il paraît d'ailleurs pour la première fois dans un oratorio de ce musicien en 1793, avec les castrats Rubinelli et Matucci. L'œuvre célèbre l'ouverture de la nouvelle paroisse Sant'Alessandro Martire. Mais le père de Gaetano semble défavorable à une carrière lyrique, c'est pourquoi le ténor doit attendre 1798 pour faire ses débuts à l'opéra, à 28 ans.

C'est donc à Florence qu'il paraît d'abord, dans Antioco in Egitto de G. Farinelli et un autre opéra du jeune Spontini, avec Luigi De Santis. Sa carrière est immédiatement lancée et Gaetano chante la même année deux opéras à Livourne puis Vérone, reprenant deux grands rôles du moment dans Pirro de Zingarelli et Lodoiska de Mayr (la Catalani incarne la protagoniste !). On le retrouve à Palerme, puis à la Fenice de Venise avec le castrat Damiani. Son activité est intense alors qu'il poursuit sa carrière à Naples, où il chante des comédies aux Fiorentini (avec Carlo Casaccia, p.ex. L'Amor constrastato de Palomba) et l'opéra séria au San Carlo (dont Andromaca de Paisiello avec Vellutti). C'est aussi pour le ténor l'occasion de recevoir l'enseignement d'Andrea Nozzari, qui compte déjà dix ans de carrière, et du vieux castrat Aprile. Crivelli quitte Naples en 1804 pour chanter à Milan, Bologne, Turin, Livourne... Il retrouve le San Carlo en 1807 et y reste à nouveau jusqu'en 1810.

Crivelli entame une carrière internationale en rejoignant le Théâtre de l'Impératrice à Paris en 1811, y débutant dans la Nina de Paisiello avec Francesca Festa. Il interprète aussi une version adaptée du Pirro de Paisiello, dont le rôle titre est au cœur des ténors de l'époque. Fétis écrit de lui : « une superbe voix, une excellente méthode, une belle figure, un jeux noble et très-expressif ». Paris l'applaudit jusqu'en 1817 – on rapporte que c'est le chanteur favori de Napoléon –, puis Crivelli se rend à Londres où il donne Paër, Cimarosa, Elisabetta de Rossini et trois opéras de Mozart, dont la première locale de Don Giovanni. Les chroniqueurs sont partagés sur ses talents : ils s'entendent sur la belle couleur virile de sa voix, mais ses prestations sont inégales et sa présence scénique diversement appréciées. De fait, quand il quitte Londres en 1818, The Inquisitor écrit :
Crivelli, prenant congé du public britannique, a voulu s'assurer de donner toute la mesure de ses moyens pour sa dernière prestation. Il a chanté ses quelques airs avec une douceur et une énergie absolument merveilleuses. Nous ne savons pas comment il se fait que ce chanteur, que l'on pourrait qualifier de meilleur ténor d'Europe, ait pu être si peu apprécié dans ce pays.
On le retrouve à la Scala de Milan dès son retour, notamment dans Le Danaidi de Morlacchi. C'est essentiellement sur cette scène qu'il chante au fil des années suivantes, mais aussi Turin et occasionnellement Brescia et Venise. En 1821, Crivelli passe par Trieste et Bologne, où il donne Arminio de Pavesi, puis Padoue, Crémone, Vérone, Vicence... Il est à Venise en 1822 et participe à Andronico du jeune Mercadante avec le vétéran Vellutti, un de ses partenaires réguliers. Crivelle chante régulièrement Il Crociato in Egitto de Meyerbeer et Tebaldo ed Isolina de Morlacchi, les deux derniers succès du castrat. Invité par le grand Manuel Garcia à New-York, Crivelli joue les seconds rôles aux Amériques en 1825-26. Revenu en Italie, Gaetano termine sa carrière dans les théâtres du nord de l'Italie (Venise, Trieste, Livourne, Milan, etc.), et étonne en chantant Semiramide de Rossini... dans le rôle d'Assur, écrit pour basse ! C'est notamment le cas à Venise en 1830. Après une reprise du Crociato à Milan en 1831, sa carrière scénique prend fin.

Crivelli a hérité de l'art du XVIIIe siècle une voix sombre et barytonale, mais n'était apparemment pas porté sur l'extrême agilité ; il se rapproche en cela d'Andrea Nozzari puis de Donzelli – cela n'empêche pas un journaliste londonien de déplorer ses ornements excessifs en Don Ottavio. Voix puissante et noble déclamation, couleur sombre et virile, musicalité : autant de qualités qui le placent au premier rangs de ténors de l'époque et annoncent le style plus ample du romantisme. En revanche, son présence en scène a pu susciter plus de réserves. Son répertoire comportait les classiques Paisiello, Cimarosa et Mozart, mais aussi les compositeurs du début du siècle : Mayr, Pavesi, Farinelli, Nicolini, Generali, Federici, Carafa puis Coccia, Pacini, Rossini, Mercadante, Morlacchi... Dans une note envoyée à Paris en 1824 sur 44 artistes italiens, Pierre-Jean Massin-Turina écrit : « Grand et bel homme. Comme le précédent [Tacchinardi], sa voix est toujours superbe, mais outre qu'il ne peut s'adapter à chanter la musique dans le genre de Rossini, il est devenu encore plus froid qu'il n'était. »
Gaetano meurt du choléra dans sa fils natale en 1836. Son fils Domenico Francesco Maria devient chanteur et surtout professeur de chant : accompagnant son père en 1817, il s'installe à Londres où il écrit et enseigne. C'est le principal professeur de chant de la Royal Academy of Music fondée en 1823. Un autre fils, Enrico, mène une carrière de basse à l'opéra. Le dernier fils Giovanni meurt prématurément en 1833.

Teseo riconosciuto Egeo G. Spontini 1798 Florence
  C.V. Alemanno, Orchestra Filarmonica Marchigiana dir. A. Zedda – CD Bongiovanni 1996
Licenza pour L'Elisa G. Paisiello 1807 Naples
> air Del mio gentil Sebeto K. Lewis, Philarmonia Orchestra dir. D. Parry – One Hundred Years of Italian Opera, 1800 – 1810, CD Opera rara
I Pittagorici Leofronio G. Paisiello 1807 Naples


> air & Finale
E. Palacio, Orchestra Sinfonica giovanile di Savona dir. M. De Bernart – captation de représentation, Taranto 1993
Version abrégée. Orchestre du San Carlo dir. G. Kuhn – captation de concert, Naples 1987
I Due Figaro Almaviva M. Carafa 1820 Milan
  G. Trucco, Wurttemberg Philharmonic Orchestra dir. B. Cohen – DVD Bongiovanni, Wildbad 2006.
Tebaldo e Isolina Boemondo F. Morlacchi 1822 Venise
  Version de Dresde 1825 : A. Zorzi Giustiniani, Virtuosi Brunensis dir. A. Fogliani – CD Naxos 2020 d'après représentations à Bad Wildbald 2014
Il Crociato in Egitto Adriano G. Meyerbeer 1824 Venise
  B. Ford, Royal Philarmonic Orchestra dir. D. Parry – CD Opera Rara