Ce ténor de Brescia parvient à gagner une excellente réputation à une époque où les castrats règnent et se disputent le premier rang avec des cantatrices toujours plus en vue. Il faut dire qu'il est élève du brillant castrat et pédagogue Pistocchi, célèbre pour la perfection de son chant et son style.
Il est possible qu'il participe à Messalina de Pallavicino, au San Salvatore de Venise, en 1679-80, puisqu'il reprend ensuite des airs du rôle de Caio, écrit pour ténor. En 1682, on retrouve Buzzoleni à Mantoue pour Ottaviano Cesare Augusto de Legrenzi, avec la fine fleur du chant de ces années-là, dont les castrats Ballarini, Clementino Hader, De Castris et Rivani. La cour de Mantoue accueille le chanteur plusieurs années, mais on l'admire partout en Italien : il se partage entre Milan, Modène (Il Talamo preservato de Ziani avec la basse Cottini) et Reggio entre 1683 et 1687, ainsi que Plaisance, Crema... Dans les années 1690, il brille sur les planches de la Sérénissime (où il donne Il Re infante de Pallavicino dès 1683). En 1690, le ténor y incarne un des rôles titres de Pirro et Demetrio de G. F. Tosi, flanqué de la Beccarina, et un autre opéra du même auteur. Giovanni chante Pollarolo en 1692 avec les divas Pini et Tarquini ainsi que le soprano Ferrini, et encore en 1703, cette fois-ci avec De Grandis et Nicolino. Il passe par Gênes pour le carnaval 1701-02 avec le castrat Pellegrini, puis au San Cassiano en 1704 et participe à La Fede tradita e vendicata de Gasparini, où l'affiche comprend Pistocchi, la basse Ristorini et la Salicola. On l'entend enfin à Naples en 1697 et l'année suivante, occasion de chanter A. Scarlatti, puis Gênes, etc.
Le ténor passe également à la cour berlinoise de Sophie-Charlotte en 1692, et participe à une serenata avec la basse Fedeli. En 1703, il donne un concert à la cour de Vienne dont il intègre officiellement la chapelle, mais il était convié par l'empereur depuis longtemps déjà, par exemple en 1694 (Il Libro con sette sigilli de Leopold Ier) et 1697 (La Virtù della croce de Draghi avec notamment le castrat Mellini). Il est Alessandre le grand, personnage principal de la somptueuse serenata de Bononcini L'Euleo festeggiante en 1699, avec un aréopage de castrats dont Olivicciani, Mellini, Franzel et Speroni. En 1707, il y participe au Giudizio di Paride corretto dalla giustizia di Giove, et deux ans plus tard à Marte placato (Ariosti et Bernardini) avec la Sutterin et Orsini. C'est en tout cas dans la capitale autrichienne qu'il achève sa carrière et sa vie, très admiré.
Un an après le décès du ténor paraît le fameux opus du castrat Pier Francesco Tosi sur le chant orné. L'auteur y cite Buzzoleni en exemple de bon goût et d'intelligence dans les embellissements de la ligne vocale, à l'instar du très renommé Siface, de Rivani, puis de la contralto Vanini.
Quadrio prend la peine de souligner sa valeur et ses titres dans sa liste de chanteurs, et en 1763, Algaratti évoque son souvenir flatteur. Le littérateur français Saint-Évremont défend l'art vocal et dramatique italien :
On m'a rendu de si méchants offices à l'égard des Italiens, que je me sens obligé de me justifier auprès des personnes dont je désirerais l'approbation et appréhenderais la censure. Je déclare donc, qu'après avoir écouté Siface, Ballarini et Buzzolini avec attention, qu'après avoir examiné leur chant avec le peu d'esprit et de connaissances que je puis avoir, j'ai trouvé qu'ils chantaient divinement bien ; et si j'avais des termes qui fussent au-dessus de cette expression, je m'en servirais pour faire valoir leur capacité davantage. [...] voulez-vous admirer la capacité, la science, la profondeur dans les choses difficiles, la facilité de chanter tout sans études, l'art d'ajuster la composition à sa voix, au lieu d'accommoder sa voix à l'intention du compositeur ? Entendez Siface, Ballarini, Buzzolini qui, dédaignant les faux mouvements du cœur, s'attachent à la plus noble partie de vous-même, et assujétissent les lumières les plus certaines de votre esprit.
C'est un exploit d'avoir réussi à se hisser en référence alors que la suprématie des castrats est indiscutable. D'autres ténors s'illustrent à la même époque, sans parvenir à la même réputation : citons A. Borosini, les Garghetti et G. Scaccia. |
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