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Antonio Giovanni Maria BRIZZI

1770 – 1854

Selon les sources, Brizzi est né à Bologne en 1770 ou au cours des années 1760. Fils de Luigi et Anna Brizzi, il compte deux sœurs instrumentistes, un frère trompettiste et un autre frère, Ludovico, ténor – surtout buffo – à succès. Les carrières de Ludovico et Antonio sont souvent mélangées dans les sources, pour ce qui est des années 1790.

Antonio commence dans le bouffe, et dans sa ville natale en 1787 dans Il Barone a forza de Bernardini. Il est primo buffo caricato avec la basse Angrisani à Florence en 1793, donnant des pages de Trento, Cimarosa et Portogallo avec une certaine Francesca Brizzi (son épouse ?). Engagé au théâtre de Lisbonne, il chante La Scuola dei gelosi de Salieri et autre pages de Guglielmi, Cimarosa, Paisiello et Gazzaniga. Ludovico paraît alors avec les castrats Caporalini et Cavanna.

On l'entend aussi à Livourne et Florence, avant d'être un pilier du San Benedetto de Venise dès l'automne 1796. Il reprend l'immense succès de l'année, Giulietta e Romeo de Zingarelli, avec les deux vedettes qui y avaient brillé à Milan : Crescentini et la Grassini. Ces deux artistes offrent alors l'autre grande œuvre de l'époque avec Gli Orazi e i Curiazi de Cimarosa, mais Brizzi devra attendre 1798 pour reprendre le rôle de Marco Orazio créé par Babbini. On l'entend aussi dans La Morte di Semiramide de Nasolini. En 1797, Brizzi est à Milan pour Il Principe di Taranto de Paër, et y revient en 1800-01 pour briller dans l'opera buffa ou semi-seria de Mayr, Paisiello ou Paër. Il partage l'affiche avec l'immense Catalani et Adamo Bianchi dans I Baccanali di Roma de Nicolini et Clitemnestra de Zingarelli. Une prestation à Parme en 1797 lui vaut d'être nommé chanteur au service du duc ; il paraît aussi à Trieste et en 1799 à Ferrare avec la Ferrarese. C'est à Parme qu'on le retrouve en 1800 pour chanter des œuvres sérieuses ou de demi caractère.

Le ténor est engagé à Vienne en 1801 et chante sur scène et en concert avec Riccardi-Paër, Mara ou Marchesi ; il débute dans Achille de Paër et crée notamment Ercole in Lidia de Mayr en 1803. Le correspondant viennois de l'Allgemeine musikalische Zeitung indique qu'il a étudié avec Crescentini et récolté des applaudissements bien mérités lors de ses débuts, précisant :
Herr Brizzi, engagé comme ténor, et déjà évoqué favorablement, continue de ravir chacun par son chant magnifique. Sa voix s'apparente plutôt, néanmoins, à celle d'un baryton aigu, bien que d'une étendue hors du commun, et c'est justement en raison de ce beau grave plein que le registre aigu crée la surprise. Son style suit certainement celui de Marchesi, mais sans excès. Il possède en outre un physique superbe, des manières cultivées, de l'énergie, un jeu excellent : c'est en somme une magnifique acquisition.
Cette voix barytonale pousse Weigl à lui réécrire les airs du rôle titre lorsqu'on donne La Clemenza di Tito dans la capitale autrichienne en 1804...

En 1806, le chanteur est à Dresde pour présenter Achille, devenu son cheval de bataille. Napoléon en est si satisfait qu'il l'engage pour le théâtre des Tuileries, en même temps que Paër et son épouse. La troupe compte aussi Grassini et Crescentini, et enchante les Parisiens avec notamment Gli Zingari in fiera de Paisiello, de nouvelles œuvres de Paër (Numa Pompilio, Cleopatra, etc.) et le classique Gli Orazi e i Curiazi de Cimarosa, dans lequel le castrat s'offusque d'avoir un costume moins brillant que celui de Brizzi et exige un échange pourtant bien peu seyant.

Brizzi est cependant engagé à Munich depuis 1805, à la fois comme chanteur et comme metteur en scène. Il est à Weimar en 1810 puis 1811, et interprète les succès de son répertoire, notamment Paër : là encore on admire son agilité et l'étendue étonnante de sa voix, dont Goethe. À Vienne en 1811, il chante avec la Campi, mais un chroniqueur le juge diminué, et Brizzi a alors perdu tous ses aigus : c'est un baryton peu sonore.
En 1813, on le retrouve à Milan pour I Riti d'Efeso de G. Farinelli avec la contralto Carolina Bassi et Lorenza Correa. Il y arbore le titre de premier chanteur de S. M. le Roi de France. C'est néanmoins en Bavière qu'il semble être fixé et achève sa carrière : il côtoie Mlle Harlas, et chante avec son épouse dans Trajano in Dacia de Blangini en 1814.

C'est donc à Tegernsee, en Bavière, que l'illustre chanteur termine ses jours. Il incarne le modèle de grand baryténor agile typique de l'âge belcantiste, et porté à son apogée par Nozzari. Enfin, quelle immense carrière européenne !

Achille Achille F. Paër 1801 Vienne


> duetto Giusti numi
I. Zennaro, Teatro Comunale di Bologna, dir. T. Gobbi – captation de représentations, 1989
I. Caley, Philarmonia Orchestra dir. D. Parry – 100 Years of Italian Opera, 1800-10, CD Opera Rara
Dopo il fremente nembo (trio) Polinesso J. Weigl 1801 Vienne
  In Ginevra di Scozia, Mayr. R. Smythe, Philarmonia Orchestra dir. D. Parry – 100 Years of Italian Opera, 1800 – 1810, CD Opera Rara
Gesù al limbo Gabriel A. Salieri 1803 Vienne
  N. Yovonovitch, cappella musicale della cattedrale di Verona dir. A. Turco – CD Bongiovanni 2011
La Clemenza di Tito Tito Mozart et al. 1804 Vienne
  C.V. Allemano, Academia montis regalis dir. A. De Marchi – CD CPO 2016