Ténor à la haute virtuosité, Bortolotti débute à Munich où il intègre la troupe locale. Il participe en 1753 à divers oratorios, comme San Maurizio de Pampani avec la basse Zonca et le castrat Casati. Au théâtre, il souvent se contente de rôles mineurs, en retrait derrière les ténors Lucchi puis Fantoni, dans des créations de Bernasconi (Didone abbandonata, La Betulia liberata...) et Ferrandini (Diana placata) notamment. Il fait suffisamment parler de lui pour qu'on le convie à Vienne, pour Gioas, re di Giuda de Wagenseil avec la Gabrielli et Tenducci, en 1755. Il chante aussi une Andromeda à Turin la même année. On conserve la trace de Bortolotti en Bavière jusqu'en 1760 au moins, année où il paraît en Italie : Reggio Emilia avec le castrat Veroli, puis Florence (Il Re pastore de Piccinni à Florence avec la Segantini).
En 1763, Bortolotti se produit pour la première dans sa nouvelle ville d'adoption pendant plus de vingt ans : Cassel, en Allemagne, dans Diana e Endimione du maestro local Fiorillo. Les castrats Morelli et Ciampi seront des partenaires de longue date, avec ultérieurement le soprano Galeazzi. On l'entend au fil des ans dans de nombreux drames de Metastasio, parfois repris (Hasse, Jommelli), parfois créés par Fiorillo, parfois non attribués (pasticci ?). En 1779, on entend apparemment son fils dans La Frascatana, opéra bouffe de Paisiello ; mais le genre sérieux domine très largement, et le père s'illustre dans une reprise de L'Orfeo de Bertoni (1781). La mort du landgrave semble entraîner la dissolution de la troupe en 1786.
En 1787, un journal d'Amsterdam annonce, en français :
Le Sieur JAQUES BERTOLOTTI, Musicien de la Chambre de Feu S.A.S. le Landgrave de Hessen-Kassel, aura l'honneur de donner Vendredi le 30 du Courant, à la Salle du Manège, un CONCERT VOCAL & INSTRUMENTAL, dans le quel il chantera plusieurs Airs Italiens. Mme. CAMPOLINI, sa belle soeur, chantera avec lui un Duo; Mme. ECKARDT chantera aussi & entr’autres avec les dits un Trio
Si l'on en croit cette brève, Luisa Campolini-Bertolotti doit avoir épousé son frère ; elle chante à Londres, Munich et même avec Giacomo à Cassel en 1763.
En 1774, Heinrich Reichard rend compte des productions de Cassel dans le Theater-Journal für Deutschland, avec une impression très détaillée sur le chanteur :
Giacomo Bertolotti, un ténor. Dans Ezio [Hasse], il jouait Massimo, et il incarne généralement à l'opéra les rôles confiés au ténor. La nature ne l'a pas fait pour le théâtre : il est exceptionnellement petit, et un Agamemnon ou Danaüs aussi court ne produit aucun effet. Il n'y a rien à dire de sa voix, qui est fort bonne, sonore, certes point trop forte, mais pas faible non plus. Mais je ne peux voir en lui un grand chanteur, tel qu'on le prétend à Cassel. Il a une agilité de gosier qui lui permet de faire rouler les notes avec rapidité, art qui lui a valu sa popularité, car il en est prodigue. Son chant s'apparente donc à une suite permanente de notes, ce qui peut stupéfier dans un air, puis sembler répétitif lors du suivant. Il ne produit presque jamais de sons tenus, filés, étirés. Il est facile d'imaginer ce que cela laisse à désirer dans son chant. Je suis si habitué à ne pas me soucier de l'action dans les opéras italiens, car dans aucun de ceux que j'ai vus dans divers pays, il y avait beaucoup à en penser, que j'ai rarement prêté attention à cet aspect chez un chanteur italien, ni n'en ai fait mention. Toutefois, l'action de Bertolotti est fort louée à Cassel, et pourrait passer pour bonne si sa petite stature ne créait un tel constraste qu'elle ne le prive de tout charme. |