Né à Cividate près de Bergame, comme d'autres excellents ténors de l'époque (Giacomo David, Adamo Bianchi, Rubini, etc.) – on surnommera Bergame la patrie des ténors –, Bianchi commence sa carrière comme premier amoureux dans l'opera buffa. Formé par son père organiste puis, peut-être auprès de Tritto à Naples, il devient un excellent ténor après avoir été soprano enfant.
Ses premières prestations théâtrales, encore fort jeune, datent de 1794 à Trévise, Padoue, Gênes ou encore Crémone, où il donne Il Matrimonio per industria de Rutini. Il enchaîne avec des engagements à Modène, Ferrare (premier contact avec l'opéra séria pour une reprise d'Elfrida de Paisiello avec la Delicati) puis Florence (1796) avant de gagner les prestigieuses scènes vénitiennes où le ténor a pour partenaire l'excellente Morichelli, par exemple dans La Donna di genio volubile de Portogallo.
Entre 1797 et 1801, il brille successivement au Teatro Fondo puis aux Fiorentini de Naples avec les basses locales Casacciello et Luzio, et les sopranos Orsola Fabrizi puis Dorotea Bussani. Il crée notamment Il Villano in augustie de Fioravanti, mais aussi des pages de P. C. Guglielmi, Gardi ou Paisiello. En 1799, Bianchi fait donner une de ses œuvres en l'honneur du roi de Naples.
Il se présente ensuite à Milan (1802-03), et se frotte encore au genre sérieux à Rome l'année suivante. Il ne cessera pas de fréquenter l'opéra séria, auquel il prête d'excellentes capacités vocales. Le ténor pousse jusqu'à Vienne.
En 1806-07, Eliodoro Bianchi est invité à Paris. Il s'y était déjà produit avec succès en concert en 1801. Avec sa partenaire régulière Francesca Festa et le couple Barilli, il donne Il Matrimonio segreto (où il débute localement) et crée un succès de Fioravanti, I virtuosi ambulanti. Il y épouse aussi la soprano Carolina Crespi, qui lui donnera deux enfants également musiciens. La troupe donne aussi Le Nozze di Figaro de Mozart, où Bianchi incarne... le comte ! Le genre sérieux est aussi représenté, avec La Griselda de Paër.
C'est parfois avec son épouse qu'il se produit à Milan entre 1809 et 1814, par exemple dans L'Uniforme de Weigl. Le ténor reste fidèle à la Scala pendant cet intervalle, malgré quelques prestations ailleurs, notamment Gênes et Brescia.
En 1819, Eliodoro côtoie Vellutti, dernier grand castrat, dans Quinto Fabio de Nicolini (Vérone), et paraît à Venise pour un pasticcio rossinien.
Il passe à Londres, Vérone, puis Brescia en 1822 avec la Festa-Maffei et la Pisaroni. L'année suivante, il chante avec la contralto Grassini, alors en fin de carrière, à Florence. À Vicence, Bianchi crée Iarba dans la Didone abbandonata de Mercadante, avatar tardif du fameux livret métastasien. Puis il est à Trieste pour interpréter Tadolini (1827), et plus tard à Livourne (1829). Il se fait entendre à Graz en 1832 dans I Baccanali de Roma de Generali, et The Harmonicon précise que « son chant est tout à fait dans le style ancien. »
Ses adieux à la scène datent de 1835, avec la représentation de ce même opéra de Generali, qui fait partie de ses pages fétiches. Ces représentations marquent la fin d'une brillante carrière au service de Rossini, Lavigna, Pavesi, Cimarosa, Guglielmi, Farinelli, Coccia, Mayr, Zingarelli, etc.
Alors que sa carrière n'est pas encore achevé, Bianchi officie comme pédagogue à Milan. Il enseigne par exemple au ténor Donzelli puis à Nicola Ivanoff. Sa vocalité est dans le style de l'époque : tessiture longue avec une belle extension dans l'aigu, fioritures abondantes, en tout cas dans le genre sérieux. |