Cecilia Young est la fille d'un organiste nommé Charles Young. La musique est une affaire familiale, puisque son frère Anthony est également organiste, et ses sœurs Isabella et Esther cantatrices. La vocation est transmise à la génération suivante, avec notamment Polly Young, nièce de Cecilia.
D'après Burney, Cecilia est l'élève de Geminiani. Elle dévoile sa belle voix de soprano dotée d'un aigu facile lors d'un concert à Drury Lane en 1730. En 1733, elle incarne Britannia dans l'opéra anglais de Lampe (son beau-frère) du même nom. La même année, elle chante Penelope dans Ulysses de Smith au Lincoln's Inn Fields Theatre. Elle continue de fréquenter les compositeurs anglais et rencontre également Thomas Arne, qui lui confie Rosamund en 1733.
Haendel repère la talentueuse soprano et l'engage pour l'opéra italien à Covent Garden. Cecilia débute avec Carestini et Strada dans le pasticcio Oreste, puis Ariodante et Alcina. Elle reprend plusieurs opéras du maître et collabore très régulièrement avec lui pour l'oratorio anglais. Après une reprise du rôle titre d'Athalia, Jael dans Deborah, Cecilia crée Merab dans Saul (1739), et... Cecilia dans Alexander's Feast (1736).
Cecilia épouse le compositeur Arne en 1737. Sans renoncer à sa collaboration avec Haendel, elle se produit dans les œuvres de son époux (Comus, The Judgment of Paris) et de son beau-frère Lampe, sans négliger l'opéra italien : elle participe à Angelica e Medoro de Pescetti en 1739. Inspirés par le succès de Susannah Cibber (née Arne et sœur du compositeur) Thomas et Cecilia se rendent à Dublin en 1742. Ils y restent deux ans, pendant lesquels Cecilia chante des oratorios de Haendel ou encore The Death of Abel de son époux.
De retour à Londres en 1744, le couple Arne continue de rencontrer le succès. Elle interprète Vo solcando un mar crudele, présenté au public comme un succès de Farinelli – mais en réalité une page emblématique de Carestini. Une marque de son talent vocal, quoi qu'il en soit ! Thomas est nommé musicien attitré des concerts en plein air, principalement à Vauxhall Gardens ; là, Cecilia offre de nombreux concerts et enchante le public dans Colin and Phoebe de son mari, rejoué inlassablement, selon Burney, en 1745-46.
Le reste de la carrière de Cecilia est moins heureux. Ses apparitions s'espacent car la santé de la soprano se détériore en raison d'une maladie persistante ; son mariage est compromis et les relations avec Thomas ainsi qu'une encombrante famille pèsent lourdement sur Cecilia. Elle chante tout de même encore à Londres (Eliza de Arne), Dublin (Acis and Galatea de Haendel). En 1751, Cecilia chante encore la Vertu dans The Choice of Hercules de Haendel, sa sœur Esther, contralto, incarnant le jeune héros.
De retour à Dublin en 1755, elle est abandonnée par son mari qui la déclare malade mentale (!) et lui laisse Polly Young en charge, repartant avec sa jeune élève la brillante Charlotte Brent. À la décharge du compositeur, on rapportera les propos de James Pilkington, apprenti chez les Arne et selon lequel Cecilia frappait parfois son mari, et était « prodigieusement portée sur le gin. » La soprano survit d'une maigre pension et de l'aide offerte par quelques personnes charitables.
Elle retourne à Londres, et on la retrouve par exemple dans The Royal Sheperd, opera seria anglais probablement adapté du Re pastore de Métastase. Cecilia chante une dernière fois en compagnie de sa nièce Polly, en 1774, dans un concert au bénéfice de cette dernière.
Reconcilié avec Thomas en 1778, elle termine sa vie avec Polly et son époux.
Voix aiguë et agile, d'un charme apte à séduire ses compatriotes d'autant qu'elle chante essentiellement en anglais, Cecilia est l'une des cantatrices les plus aimées de Grande Bretagne. Elle participe au célèbre Rule Britannia composé par Arne dans Alfred, devenu quasiment le second hymne national anglais. Charles Burney loue son naturel et estime que « her style of singing was infinitely superior to that of any other English woman of her time. » |