Cette soprano ne figure pas parmi les plus éminentes de son temps, mais a tout de même connu une belle carrière durant la dernière décennie du XVIIIe siècle.
Marianna se fait d'abord repérer à Naples en 1790-91, notamment dans des opéras bouffes avec des vedettes locales du genre comme les basses Luzio, Ferraro et Trabalza, ou la soprano Tomeoni, entre autres dans L'Azzardo de Pietro Guglielmi. Elle passe par Palerme, puis s'impose comme prima donna seria à Florence, Turin, Sienne, Livourne (Ezio de Tarchi avec les ténor David et Brida) Modène ou encore Reggio jusqu'en 1794. Cette même année la voit à Venise où elle reprend notamment Aspasia des Giuochi di Agrigento de Paisiello, rôle écrit pour la Banti, mais chante aussi Saffo, premier opéra de Mayr, avec le grand Crescentini et le ténor Babbini. Elle paraît ensuite à Brescia puis dans quatre opéras bouffes à Naples, par exemple Il Disprezzo vinto dal disprezzo d'Andreozzi aux côtés du légendaire buffo napolitain Carlo Casaccia. En 1796, après Vicence, la Vinci chante à Trieste, dans des pages de Sarti et Nasolini (La Morte di Mitridate). L'année suivante, on la revoit à Venise, accompagnée du ténor Mombelli, pour intepréter Nasolini, Trento et Marinelli.
Marianna Vinci est prima donna seria à Madrid pour deux saisons, de 1797 à 1799. Elle est ensuite conviée au théâtre S. Carlos de Lisbonne où elle participe à diverses productions en 1800-1801, des genres buffo (Fioravanti, Martín y Soler, Gazzaniga) et serio : elle est par exemple la reine d'Egypte dans l'opéra à succès La Morte di Cleopatra de Nasolini. On y admire sa « voix belle, claire et puissante » mais elle pâlit de la comparaison avec la Catalani, ou de son partenaire le castrat Crescentini.
Sa carrière la mène ensuite à Londres en 1801-1802 : Marianna participe notamment à La Principessa filosofa d'Andreozzi, avec des insertions de Mayr. Annoncée flatteusement comme « a Lady of considerable celebrity on the Continent », elle s'attire d'excellentes critiques dans la presse, qui s'émerveille de son physique (« fine black eyes with teeth of purest white »), de son jeu là naturel et plein d'esprit, là grandiose et majestueux, de ses moyens – en particulier la justesse et la puissance de ses aigus, son art du diminuendo –, bref de ses débuts éclatants au King's Theatre. Une maladie l'empêche d'honorer tous ses engagements en 1802, et Mount-Edgcumbe, lord mélomane, estime qu'elle « échoue en tout point ». La Gerbini lui succède.
On retrouve une Marianna Vinci dans divers opéras à Vérone en 1807, notamment à nouveau La Principessa filosofa d'Andreozzi : il s'agit certainement de la même soprano. Elle crée également Il Ritratto de Morlacchi, compositeur qu'elle sert l'année suivante à Livourne avec la basse Filippo Galli. On n'en sait guère plus sur la suite de ses activités.
Voici ce que dit de la chanteuse Benedetto Frizzi, commentateur de la vie musicale de l'époque, entre des louanges adressées à la Grassini et à la Catalani :
Vous me demandez mon avis sur la vraiment charmante Vinci. Celle-ci n'atteint pas le sublime de l'harmonie, mais a beaucoup de justesse et de précision, une action toujours bien sentie et une voix fort nette et brillante. Ces qualités sont celles des chanteuses sérieuses qui, sans chanter beaucoup, font mieux que plaire un peu. |