Cette cantatrice remporte de beaux succès dans les années d’éclosion triomphale des opéras publics vénitiens. Comme les autres premières prime donne que sont Felicita Uga, Giulia Saus Paolelli et Anna Renzi, Valerio est originaire de Rome. Renzi et Valerio joignent leur talent pour un tube de l’époque, La Finta Pazza de Sacrati, en 1641 au Teatro novissimo, où paraît peut-être aussi le jeune Atto Melani. Avec Renzi toujours ainsi que le castrat Stefano Costa, Anna crée ensuite L’Incoronazione di Poppea du vieux maître Monteverdi et La Finta Savia de Laurenzi, pour la saison 1642-43 au théâtre SS. Giovanni e Paolo.
Une lettre adressée à Mazarin en 1643 loue cette troupe vénitienne, particulièrement les deux Anna :
J’ai entendu les deux se produire divinement à Venise. Et même s’il n’y avait pas de possibilité de présenter un opéra, on pourrait toujours faire venir Signora Anna Valeria en France, car il ne faudrait pas perdre l’occasion de l’avoir à votre service. Son excellence l’ambassadeur le Comte de Brion ainsi que d’autres étaient présents à Venise et, bien que ne comprenant pas la langue, ont reconnu qu’il n’y avait point au monde spectacle plus noble ni plus digne d’être vu (…)
Ce témoignage indique que non seulement la Renzi, mais aussi Valerio étaient les étoiles de l’opéra à Venise. Malheureusement le reste de sa carrière reste très peu connu. On trouve néanmoins encore cette mention dans une correspondance vers Paris en 1659, pour les préparatifs d’Ercole amante de Cavalli – où elle ne chantera finalement pas :
Maintenant qu’est morte la Pollarola, il ne reste plus d’excellent que la Signora Anna, dite del Valerio, qui vit honorablement avec son mari qui a une voix de ténor et joue du violon. Elle vient d’être appelé à Parme avec beaucoup d’insistance. Celle-ci serait la meilleure de toutes ; elle a une forte voix, virile, mais très délicate, un soprano qui monte aux étoiles et qu’elle soutient admirablement bien. Elle n’est pas trop jeune, mais elle a apparence de faire bon effet sur les planches. |
