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Irene TOMEONI

ca 1763 – 1830

Aussi [Tomioni] [-Dutillieu] [Torneoni]

Irene Tomeoni est née en 1763 à Lucques.
On entend la soprano à Gênes en 1781 puis en concert à Florence en 1784 ; c'est probablement dans cette ville qu'elle rencontre alors le compositeur français Pierre Dutillieu, qui l'épouse. À Milan, elle reprend La Quakera spirituosa de Guglielmi en 1785. La cantatrice est néanmoins surtout attachée à la scène napolitaine, et c'est là qu'elle chante presque exclusivement entre 1787 et 1791, dans les opéras bouffes de Sarti, Anfossi, Guglielmi, Cimarosa... Parmi ses créations, citons La Pastorella nobile en 1788 ; La Bella Pescatrice de Guglielmi et I due sopposti conti de Cimarosa en 1789.

Son talent lui vaut un engagement à Vienne, où elle se rend avec son époux en 1791. Elle débute dans La Bella Pescatrice, l'un de ses grands succès. Zinzendorf écrit dans son journal « la nouvelle actrice Irene Tomeoni est infiniment plaisante. », apprécie sa « voix agréable » et la trouve charmante, notamment dans son « déshabillé de pêcheuse »... Pendant toute sa carrière autrichienne, la soprano semble plaire et nombreux sont les témoignages d'admiration face à son jeu, au caractère joyeux de ses incarnations et au charme de sa voix. Irene est la première Carolina du Matrimonio segreto de Cimarosa en 1792, représentation historique puisque l'empereur fait bisser le spectacle entier le soir même et que la popularité de l'œuvre ne s'est jamais démentie depuis.
Parmi les autres succès notables de la cantatrice figure Rachelina dans La Molinara de Paisiello, repris de Naples. Elle redonne aussi La Pastorella nobile de Guglielmi et crée les opéras bouffes de Weigl (L'Amor marinaro) et de Salieri lorsque celui-ci revient de Paris, devenant même sa principale interprète et alliée dans l'adversité découlant de l'engagement de Paër et de son épouse la soprano seria Francesca Ricciardi. La Tomeoni crée ainsi les rôles principaux des derniers opéras viennois de Salieri : elle chante Falstaff, Cesare in Farmacusa (dans un rôle léger) et Angiolina. En 1798, elle reprend même la Palmira créée par la Sessi, et en 1800 chante tout de même des opéras de Paër intitulés Poche, ma buone et La Testa riscaldata. Ses principaux partenaires sont les basses Angrisani, Saal et le ténor Simoni.
Elle s'offre un retour à Naples au Teatro di Fiorentini en 1796-97 (L'Inganno poco dura de Portogallo avec Gennaro Luzio...), mais toute sa carrière se termine à Vienne, jusqu'à son retrait des scènes en 1805. On l'entend cependant en Allemagne lors d'une tournée en 1809-10. Elle possède un terrain acquis dans la région de Vienne et y termine ses jours, veuve depuis 1798. Elle a deux filles, dont au moins une se lance sur scène à Vienne dans des seconds rôles à partir de 1804.

Si la Tomeoni n'est sans doute pas une grande virtuose, à l'instar de la Coltellini, elle sait chanter joliment et excelle à camper des ingénues charmantes, fraîches et naïves, adaptées au sentimentalisme de l'époque et à l'image idéalisée autant que limitée de la femme d'alors, d'autant que sa réputation à la ville est sans taches. En cela, elle s'oppose au grand genre et aux caprices de certaines de celles qui l'avaient précédée à Vienne, comme la Ferrarese, la Morichelli ou Clementina Baglioni. Lorsque Tomeoni se voit confier un air écrit pour cette dernière par Salieri dans L'Amore innocente (dans Il Mondo alla rovescia, en 1795), il faut transposer d'un ton vers le grave et simplifier la colorature – Clementina Baglioni était une redoutable virtuose. Mais cette partie demeure assez difficile, avec traits et notes piquées.
On voit aussi souvent dans la présence de Tomeoni à Vienne un vecteur de « napolétanisation » de l'opéra à l'échelle locale.

Il Convitato di pietra ? G. Gazzaniga 1787 Venise
  Enregistrement au choix. Attribution incertaine.
Il Fanatico burlato Doristella D. Cimarosa 1787 Naples
  Extraits : G. Morigi, orchestra sinfonica di San Remo dir. C. F. Cillario – CD Arkadia, 1991
La Pastorella nobile Dorina P. Guglielmi 1788 Naples
  Extraits : M. Ercolano, La Cappella della pietà dei turchini dir. A. Florio – retransmission de concert, Massa, Teatro Guglielmi, 2001
Il Matrimonio segreto Carolina D. Cimarosa 1792 Vienne
  Enregistrement au choix
Amor rende sagace Bellina D. Cimarosa 1792 Vienne
  CD Bongiovanni. Attribution incertaine.
Il Mondo alla rovescia La Colonella A. Salieri 1795 Vienne
  P. Cigna, orchestre des arènes de Vérone dir. F. M. Sardelli – CD Dynamic 2010
Falstaff Miss Slender A. Salieri 1799 Vienne
  Enregistrement au choix
Poche ma buone Ernestina Fricando F. Paër 1800 Vienne
  R. Baiguera, Orchestra Guido Cantelli dir. F. Fanna – captation de représentation Milan 2003