Cette cantatrice naît en 1715 et probablement directement abandonnée aux bons soins de l'ospedale de la Pietà à Venise. Elle y reçoit une éducation musicale, et se révèle violoniste et soprano de talent, sans doute sous la houlette de Vivaldi.
Pendant son séjour, elle se voit par exemple confier le motet Aure, tacete mis en musique par Porta. En 1734, elle cherche à s'enfuir avec deux camarades de l'institution. Les trois fugueuses sont rattrapées et emprisonnées, et la peine de Santa est même indéfiniment prolongée quand on se rend compte qu'elle est enceinte. Il faut que son amant Antonio Tasca vienne faire amende honorable auprès des gouverneurs pour qu'elle soit libérée. Elle épouse le garçon et quitte l'institution, avec en théorie l'interdiction d'exercer comme musicienne.
Bien entendu, si elle ne foule pas les planches de la Sérénissime, elle paraît tout de même dans plusieurs villes européennes comme violoniste et chanteuse. De 1735 à 1737, elle est virtuose de chambre à la cour de Bavière : elle est notamment prima donna dans La Costanza in trionfo d'un certain Peli avec le vétéran Balatri et le ténor local Perprich.
Si c'est bien la même chanteuse qui se produit sous le nom de Santa Santini, elle paraît également brièvement à Londres en 1736, dans Mitridate de Porpora, aux côtés de Farinelli, la Cuzzoni ou encore Senesino ! Une même Santa Santini chante comme prima donna à Turin en 1738-39, créant Ciro riconosciuto de Leo avec Gizziello et Tolve. On l'entend sans doute à Prague avec la contralto Della Stella et le ténor Canini, en qualité de seconda donna (Artaserse, Catone in Utica) en 1745-46.
En 1747, Santa donne un concert à Francfort, présentant sans doute ses talents à l'archet et au chant, et obtient également un joli succès à Dresde, où pourtant règne la Bordoni et où paraît la Mingotti la même année. En 1750, c'est à Paris qu'on peut l'applaudir dans un concerto « dans le goût de Vivaldi » ; elle est présentée comme une Vénitienne « au service de l'Empereur [François Ier d'Allemagne] ». On l'entend dans la troupe comique de Pietro Manelli à Strasbourg (?) en 1750 dans La Pravità castigata. La troupe compte la célèbre Tonelli et le castrat Guerrieri.
Cette artiste a indéniablement su tirer son épingle du jeu après des débuts houleux, soumise aux rudes conditions des orphelines de la Pietà. On garde la trace d'une caricature de Santina signée Zanetti, qui la montre gravement obèse et le visage couvert de mouches. |
> air Lasciami alla mia morte |
Version mixte : E. Pagan, La Officina de li Affetti dir. M. Carraro – retransmission de représentations, Venise 2005
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