Vittoria Tarquini est Florentine.
La soprano se produit pour la première fois à Venise en 1688, et de là se rend à Hanovre pour chanter des œuvres d'Agostino Steffani, comme Henrico Leone et La Lotta d'Ercole ed Acheloo, avec le castrat Nicola Paris et le ténor Antonio Borosini. Cette même année, 1689, elle épouse Farinel à Copenhague. On peut supposer qu'elle demeure en Allemagne jusqu'en 1695 environ. Ses prestations en Allemagne lui permettent de côter des castrats comme Nicola Remolini, Chiaravalle ou encore Clementino Hader.
Rapidement reconnue comme l'une des meilleures voire la plus grande des tragédiennes lyriques de son temps, la Bombace s'illustre notamment à Naples. En 1696, elle chante Comodo Antonino d'A. Scarlatti et surtout le plus durable des succès de l'époque, le rôle titre du Trionfo di Camilla, regina de' Volsci de G. Bononcini. La princesse déchue Camilla reconquiert son royaume déguisée en bergère, et cède à l'amour du fils de l'usurpateur du trône, rôle tenu par le fameux castrat Cortona. Dans ces œuvres, on note aussi la participation de la basse bouffe Cavana et de la soprano Musi. Avec Matteuccio, la Tarquini interprète une cantate de Scarlatti dans laquelle elle interprète Vénus (Venere, Amore ed Adone). L'année suivante, elle chante le même compositeur alors en pleine gloire, dans La Caduta de' Decemviri, avec la Polacchina, Musi et Matteuccio. On la retrouve ensuite à Mantoue et Venise, notamment.
Extrait d'un air du Trionfo di Camilla de Bononcini, pour Vittoria
En 1706, Tarquini participe à la création du Gran Tamerlano d'A. Scarlatti à la Villa Médicis à Pratolino, où elle réside en tant que maîtresse du grand duc Ferdinand, au service duquel elle est entrée en 1699. On l'entend ainsi régulièrement dans les productions données en automne à la cour. Elle se dispute les faveurs du duc avec le castrat Francesco De Castris, qui finit en retraite forcée ! Une bonne partie de la littérature a voulu prêter à Haendel une relation avec la Bombace, alors qu'il crée Rodrigo au même endroit quelque temps plus tard ; mais la chanteuse ne se produit pas dans cet opéra et rien ne vient sérieusement étayer cette hypothèse. En revanche, le Saxon a certainement l'occasion de l'entendre dans Dionisio, re di Portogallo de Perti en 1707.
Elle est peut-être liée à Rossana Tarquini, interprète de Legrenzi, notamment. Sa voix n'est en rien celle d'une immense virtuose, mais évoque plutôt un mezzo-soprano souple dont le manque de puissance est parfois déploré ; le tempérament de la chanteuse devait compenser ces limites. |