 Barbara est une soprano née à Venise, probablement d'une relation entre le célèbre poète Giulio Strozzi et une servante. Elle est adoptée et élevée par les Strozzi, et reçoit une riche éducation artistique. Alors que les théâtres publics vont être créés et prospérer, et que certaines divas se distinguent déjà à Venise, comme Felicita Uga, Giulio crée une académie (Accademia degli Unisoni) en 1637 tout spécialement pour faire connaître le talent d'interprète de sa fille : c'est la seule trace documentée de prestations publiques.
Barbara ne semble pas se produire sur scène, ce qui ne l'empêche pas d'être réputée comme chanteuse de concert, à l'instar de Leonora Baroni à Rome. Éviter les théâtres ne lui épargne pourtant pas une réputation de courtisane, courante à l'époque. Ce terme infamant peut simplement alors traduire sa relation (légitime ou non) avec Giovanni Paolo Vidman, qui lui donne quatre enfants. Aucun réel scandale ne vient cependant émailler son existence, pour ce qu'on en sait aujourd'hui.
Chose rare, elle s'assure une parfaite indépendance financière – y compris après le décès de Vidman – grâce à ses talents de compositrice, repérés très tôt et développés auprès du très grand Cavalli. Barbara est même suffisamment admirée pour se permettre de publier des recueils ne contenant que ses propres compositions, et non des florilèges d'auteurs divers, ce dès 1644 et jusqu'en 1664. Nombre de ces pages sont probablement composés pour sa propre voix, et se distinguent par leur lyrisme et leur agilité, constat habituel chez les compositeurs-chanteurs. Elle signe en outre une partie des textes de ses compositions. La dimension théâtrale n'est pas absente de ses madrigaux parfois fort développés, et elle se concentre sur le genre profane sous forme de cantates et ariettes. Barbara compose aussi pour d'autres voix, et dédie une partition au castrat vénitien Forni.
Elle finit ses jours à Padoue. On suppose en général que le beau tableau de Bernardo Strozzi (ci-dessus) représente la virtuosissima cantatrice. La splendide Barbara Strozzi s'inscrit dans la lignée des excellents interprètes compositeurs du temps, dont Francesca Caccini.
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