Margarete Luise Hamel voit le jour à Mayence, fille du bassoniste local. À la cour officient la brillante soprano Josepha Hellmuth et le compositeur Righini, qui lui enseignent le chant, formation également reçue à Würzburg auprès du maestro Steffani. C'est donc dans sa ville natale que débute officiellement Margarete à quinze ans, dotée d'un soprano long et agile.
Elle se produit également à Francfort en 1790 aux côtés de Mlle Hellmuth et chante notamment avec elle Zerline dans le Don Giovanni de Mozart, qui les dirige pour l'occasion. Avec ce dernier, elle donne également un concert d'airs et duos d'opéra (avec le castrat Ceccarelli) ponctué d'un concerto pour piano et d'une symphonie. Margarete restera toute sa carrière une grande interprète mozartienne, chantant Blondchen, Susanna, Pamina, Donna Anna, Vitellia. Mariée au violoniste Schick, la soprano s'illustre ensuite à Hambourg où elle participe à une reprise de l'Oberon de Wranitzky, jouissant d'ajouts écrits par Stegmann pour la mettre en valeur dans le rôle d'Almansaris.
En 1794, son talent dramatique et vocal lui vaut d'être engagée au Nationaltheater de Berlin, dans la troupe allemande. Elle ne participe donc que sporadiquement aux créations d'opera seria réservées à la soprano Marchetti-Fantozzi, même si elle chante L'Incontro inaspettato (Postdam) et l'Enea de Righini en 1793, puis encore Dalinda dans Ginevra di Scozia en 1804 (Mayr).
Le répertoire berlinois est composé d'opéras italiens et français traduits, mais aussi de créations allemandes. Schick reprend ainsi Il Talismano de Salieri (Carolina), ou encore L'Arbore di Diana de Martín y Soler (Diana) et des pages de Paisiello, Paër, Mozart, Boïeldieu, Méhul et Grétry dans la langue de Goethe. Elle crée Der unterbrochene Opferfest de P. von Winter. Mais c'est dans les grandes pièces tragiques qu'elle se taille une réputation flatteuse, notamment Medea de Cherubini (1800) et les tragédies lyriques de Gluck, dont Armide (1805) et Iphigenie auf Tauris (1795). La basse Franz figure parmi ses principaux partenaires – les deux triomphent dans Axur de Salieri – avec le ténor Eunicke, et la jeune Caroline Jagemann vient parfois la concurrencer à Berlin. En 1802, B. A. Weber lui compose Sulmalle, un drame lyrique en duo avec chœur. Durant toutes ces années d'incarnations intenses, il semblerait que la soprano ait largement perdu de son aigu et de sa parfaite virtuosité, gagnant cependant en profondeur et intensité dans un grave puissant, faisant d'elle un mezzo-soprano tragique : elle fait fort impression en alto du Te Deum de Righini, en 1809 (1807 ?). Elle travaille d'ailleurs le rôle de Clytemnestre d'Iphigenie auf Aulis de Gluck, dont elle avait chanté jadis le rôle titre, quand elle est terrassée par la maladie en 1809.
La même année, Konrad Levezow fait paraître Leben und Kunst der Frau Margarete Luise Schick, geborene Hamel, témoignage précis et flatteur de l'impression forte laissée par la cantatrice en cette période de transition passionnante, où tous les courants stylistiques européens se rencontrent par le truchement d'une même interprète, haute virtuose et tragédienne classique, à l'orée du romantisme. L'Allgemeine musikalische Zeitung publie un récit très détaillé de sa fameuse prestation en Iphigénie (en Tauride).
Margarete a deux cadettes, Margarete Josephine (épouse Lanz) et Catherina Josephe (épouse Dietrich), qui débutent à ses côtés à Berlin. Margarete Lanz, surtout, accède à une certaine renommée et crée notamment Ariel dans Die Geisterinsel en 1798, avec la Miranda de Margarete Schick. Après son mariage, Catherina Dietrich quitte la scène mais continue de paraître en concert.
Julie Schick, fille de Margarete Schick, étudie avec Righini et débute en 1807, mais se retire après son mariage avec von Schätzel en 1811, après avoir chanté les principaux rôles de Gluck, Grétry, Monsigny, Mozart, Paër etc. Sa fille Pauline chantera également. Friedrich, fils de Margarete, devient clarinettiste à l'opéra puis directeur musical d'un orchestre de garnison à Berlin. |