Les premières traces de cette soprano datent de 1711 et 1712 à Venise, dans des rôles légers (Folletto dans Armida in Damasco de Rampini avec la basse Venturini et la soprano Gualandi). Elle est sans doute repérée par la margrave qui la fait venir à sa cour de Bade-Durlach (près de Karlsruhe).
Relativement peu de choses sont connues de sa carrière en Allemagne. Salvai est employée à Karlsruhe de 1712 à 1715. On sait qu'en 1716, Maddalena Salvai est engagée à la cour de Cassel, avec déjà un salaire impressionnant. Elle remplace la très célèbre soprano allemande Pauline Kellner, avant d'être elle-même rapidement remplacée par Lucia Gagi-Bovarini et Giovanna Albertini.
Après un passage à Darmstadt, Salvai est engagée pour la magnifique troupe italienne réunie à Dresde en 1718-19, rejoignant Vittoria Tesi, Senesino, Berselli, Guicciardi, Boschi ou encore la Durastanti. La soprano interprète Lotti ou Heinichen (dont Diana su l'Elba, et probablement Flavio Crispo, jamais représenté). Elle conserve encore le prestigieux titre de virtuose de l'électeur de Saxe et roi de Pologne dix ans plus tard.
Haendel embauche une bonne partie de la troupe pour Londres lorsque la compagnie dresdoise est dissoute en 1720. Maddalena Salvai arrive à la fin de l'année (via la Hollande) et reprend Polinessa dans Radamisto, débutant en même temps que le castrat le plus apprécié à Londres pendant plus de dix ans : Senesino. Elle crée plusieurs opéras du maître saxon comme seconda donna avec Margherita Durastanti, et donne les œuvres d'autres compositeurs, comme Giovanni Bononcini (Crispo) et Orlandini (Amore e Maesta, 1721). Durastanti et Salvai pâtissent de l'arrivée d'un astre lyrique éblouissant en la personne de Francesca Cuzzoni. De fait, Salvai quitte alors l'Angleterre pour se produire à Venise.
Elle y chante au prestigieux San Giovanni Grisostomo, par exemple dans Romolo e Tazio de Pietragrua, avec la basse Carli et les contraltos Bernacchi et Baldi, en 1722 et 1723. Salvai apparaît les années suivantes à Bologne, Gênes, Milan puis Turin, au premier plan. On retrouve la soprano à Naples en 1726 et 1727 : la Campioli est engagée au même rang qu'elle, mais ne le supporte pas et fuit avant la première de Sesostrate de Hasse ; Salvai assume finalement le premier rôle et Antonia Pellizzari endosse sa partie. Maddalena chante ensuite avec Scalzi et la Bulgarelli dans L'Ernelinda de Vinci, et crée Laodice dans le premier Siroe de Metastasio, dans la mise en musique de Sarro, toujours avec l'égérie du librettiste, la Bulgarelli (Emira), et le castrat Berenstadt. Turin l'applaudit en 1730 comme seconda donna de la Bordoni dans Tarmerlano de Porpora où s'illustrent également Baldi, Lancetti, Pinacci et Senesino. En 1731, Salvai est à Florence avec notamment les castrats Baldi, Castori, Berenstadt, la contralto Teresa Pieri et le ténor Babbi. On l'entend encore à Vienne en 1732, dans deux opéras de Rinaldi (dont Arminio) au Kärntnertortheater. Sa trace est plus difficile à suivre ensuite, mais certaines sources indiquent qu'elle poursuit une carrière itinérante jusqu'en 1737.
Salvai fait partie des meilleures cantatrices italiennes des années 1720, avec une voix capable d'agilité. Sa carrière dans plusieurs cours européennes et sur des scènes prestigieuses, ainsi que certains témoignages la mettant sur le même plan que la Bordoni ou la Cuzzoni, témoignent de son talent. |