Rosa voit le jour à Bologne.
Rosa Ruvinetti épouse le librettiste et scénographe Girolamo Bon. Ils placent leur fille Anna Lucia à l'Ospedale della Pietà dès l'âge de quatre ans ! De fait, l'enfant se distingue ensuite comme compositrice et chanteuse.
Rosa Ruvinetti-Bon et son époux écument les villes européennes et joue un grand rôle dans la diffusion de l'idiome comique italien, en présentant notamment partout les intermezzi de Hasse. Son partenaire professionnel est surtout la basse Domenico Cricchi : un tel partenariat musical fait écho aux autres duos comiques précédents, avec la contralto Santa Marchesini et la basse Cavanna, ou encore Ungarelli et Ristorini, Resse ou Monti et Corrado, les Ermini... Ruvinetti et Cricchi constituent en quelque sorte la troisième génération de chanteurs bouffes professionnels et itinérants. Mais leur collaboration n'est plus quasi exclusive comme cela pouvait être le cas auparavant.
C'est en Italie que les deux artistes se produisent en 1732, dans les intermezzi des opéras du San Angelo. Ruvinetti se produit sans Cricchi à Bologne la même année dans un Tilla e Delfo. Ruvinetti et Cricchi se produisent dans d'autres villes du Nord de l'Italie (Florence, etc.) jusqu'en 1735, année où ils rejoignent la cour de Moscou.
Les deux chanteurs restent en Russie jusqu'en 1747 (avec sans doute une interruption après 1738). Ils donnent les œuvres comiques de Hasse, Orlandini, etc. Mlle Ruvinetti-Bon interprète aussi des rôles sérieux, et non des moindres comme en 1742 où elle est Vitellia dans La Clemenza di Tito de Hasse, avec les stars locales comme le couple Giorgi (ténor et contralto) et le castrat Morigi. Elle chante aussi dans les opéras créés par Araja, avec de nouveau les Giorgi et le soprano Saletti (Seleuco, 1744). M. von Stählin, à l'arrivée de Rosa, la juge « aussi excellente cantatrice qu'actrice bouffe pour l'intermezzo ». Un certain Stefano Ruvinetti est également engagé au même moment comme musicien (instrumentiste, probablement) jusqu'en 1738.
En 1747, Ruvinetti et Cricchi passent à Dresde et interprètent un vaste pasticcio buffo intitulé Il Finto Pazzo, avec des musiques de Hasse et Pergolesi, ainsi qu'un intermède de Sellitto. Ces artistes sont engagés l'année suivante à Postdam par Frédéric II. Ils y présentent des intermèdes comiques l'été, et lors de réceptions, déclenchant la franche hilarité du souverain et de la cour, par exemple en 1750 avec un Monsieur di Porsugnacco de Fiorillo. La même année, ils créent Il Filosofo convinto in amore du maître de chapelle local Agricola. Au répertoire figure aussi Auletta et Hasse. La période prussienne s'achève en 1752.
Rosa Ruvinetti paraît ensuite à Bayreuth, où sa fille la rejoint : en 1756, Rosa interprète Amaltea de la margrave avec le castrat Leonardi et la Turcotti. La souveraine écrit à son frère Frédéric II « La Rosa qui était autrefois à Berlin est ici, ce qui nous a procuré un intermezzo. Son compagnon ne vaut pas à beaucoup près Cricchi, et il me semble qu'elle a un peu déchu. »
En 1759, Ruvinetti retrouve Cricchi et toute une distribution pour un opéra bouffe complet, Il Filosofo di campagna de Galuppi, donné à Vienne, certainement dans le cadre de la troupe de Mingotti. Durazzo engage Rosa pour 1761-62, en même temps que Clementina Baglioni.
Entre 1762 et 1765, Ruvinetti, Bon et leur fille sont au service du prince Esterházy.
Participant de la popularité croissante de l'opéra italien et comique en Europe centrale et orientale, Rosa s'illustre aussi par le réalisme de son jeu, et sa capacité à passer du serio au buffo, alors que le cloisonnement des genres est pourtant très fort. Les générations suivantes de ténors, sopranos et même basses seront plus libres de pratiquer les différents styles en y appliquant les mêmes aptitudes vocales. |