Cette remarquable soprano naît à Parme en 1774.
Francesca Riccardi chante Il Cinna de Paër à Padoue dès 1795 avec le castrat Monanni, puis à Milan en 1795-96 dans Le Gelosie villane de Sarti ou encore La Secchia rapita de Zingarelli. C'est à Venise qu'on l'entend en 1796 dans Nasolini, et en 1797, elle se trouve à Parme et interprète Il Principe di Taranto de Paër.
La soprano est engagée à Vienne en 1797, principalement pour l'opéra séria puisqu'Irene Tomeoni est spécialisée dans les rôles sentimentaux et bouffes. La même année, le compositeur Ferdinando Paër rejoint les effectifs impériaux, d'autant qu'il est l'époux de la prima donna. Le couple Paër s'affiche ainsi en rival de Salieri-Tomeoni.
Débutant en 1798 dans Gli Intrighi amorosi de son mari, Francesca Riccardi-Paër participe à la troupe qui n'est pas alors à son meilleur. Elle chante avec les filles Gassmann, les basses Saal, Angrisani, le bariténor Brizzi... Elle quitte Vienne pour Dresde (remplaçant Teresa Poggi-Cappelletti) en 1802 mais y revient régulièrement par la suite. Parmi ses créations, citons Camilla, ossia il sotterraneo (1799), Achille (1801), Sargino (1803) et surtout Leonora ossia L'Amor conjugale, sur le même sujet que Fidelio, l'année suivante, tous opéras de Paër. On l'entend aussi dans Portogallo, Mayr et d'autres compositeurs. En 1806, elle y reprend Sofonisba, toujours de Paër. Notons qu'elle retourne à Milan en 1798, pour Meleagro de Zingarelli avec Crescentini et Gli Orazi e i Curiazi de Cimarosa. La cantatrice se produit enfin lors de concert privés au sein de la noblesse viennoise, entre 1799 et 1802.
Repérée à Dresde, elle est engagée à Paris avec son époux pour la musique particulière de l'empereur, avec Crescentini et Grassini, et reprend son fameux succès Leonora (1809). Le ténor Brizzi et le coupe Paër accompagnent même Napoléon en campagne militaire, et chantent pour lui le soir après les combats à Varsovie !
En 1811, c'est Sargino qu'elle reprend à Bologne, puis trois ans plus tard à Livourne, et participe à la première professionnelle d'un autre immense succès de son mari, l'Agnese, dans le style semi-séria. En 1815, à Rome, la soprano chante Il Turco in Italia de Rossini, dont elle interprète aussi Aureliano in Palmira à Lodi en 1819. Elle chante surtout Tancredi du même auteur avec Adelaide Malanotte, dans la version de Ferrare en 1813, qui suivit de près la première vénitienne et qui propose une nouvelle cavatine pour Amenaide ainsi que le finale tragique. La cantatrice chante d'autres œuvres du maître de Pesaro, ainsi que d'autres compositeurs un peu partout en Italie : Brescia, Bologne, Padoue, etc. Elle se produit encore à Fano en 1821, et à Pérouse sept ans plus tard. C'est à Rome qu'elle finit ses jours en 1845.
La cantatrice est une grande virtuose, à la voix longue et capable de suraigu. Dans une lettre datée de 1801, un observateur allemand note ironiquement :
Le goût pour les trilles et cadences, qui me seront toujours pénibles, se répand aussi ici, à Vienne. On n'y entend généralement pas la musique de Cimarosa, Mozart, etc. mais celle de Marchesi, Brizzi, Riccardi-Paër...
Un autre commentaire dans les journaux de 1800 :
Madame Paër Riccardi, épouse du valeureux compositeur, se révèle tout aussi douée. Elle chante et joue avec sentiment ; mais on regrette parfois que la nature ne lui ait pas donné l'endurance nécessaire pour arriver au bout de ses rôles les plus importants avec la même énergie qu'en début de représentation.
En outre, le commentateur regrette que Paër écrive des parties trop aiguës pour elle. |