Cette soprano s'illustre tout d'abord dans l'opera buffa à Naples, où, de 1724 à 1732, elle fait sensation. Il était plus fréquent d'entendre des contraltos dans ce genre, comme Santa Marchesini ou Rosa Ugarelli, et surtout des moyens moins brillants : il est probable que Celeste Resse passe au genre serieux au bout de quelques années – ce que fait aussi parfois une autre soprano, la Colasanti.
Remplaçant la Marchesini auprès de la célèbre basse bouffe Corrado, membre de la chapelle royale de Naples, elle crée nombre d'ouvrages écrits spécifiquement pour eux, comme Erighetta e Don Chilone, offert en intermède lors de L'Ernelinda de Vinci en 1726. Parmi leurs plus grand succès figure aussi Il Marito giocatore d'Orlandini. En 1729, L'Amante geloso vient égayer le Farnace de Vinci. On l'entend aussi dans les intermezzi de Leo (Elia e Tullo), Sarro (Moschetta e Grullo), Hasse (Damari e Miride), etc.
Le musicologue R. Strohm pose l'hypothèse qu'il s'agit de la même Celeste Gismondi engagée à Londres par Haendel pour sa dernière saison avec Senesino, en 1732-33. Il est probable que les recruteurs du Saxon l'aient entendue à Naples quelques années auparavant et ait été suffisamment séduits pour lui proposer un engagement peu après. Quoi qu'il en soit, Resse disparaît précisément des scènes napolitaines après 1732 – l'étoile montante se nomme alors Laura Monti – et semble présenter des capacités vocales la rendant apte à briller dans le grand genre. À l'appui notamment de cette hypothèse, un commentaire de la correspondance de Lord Hervey :
I am just come from a long, dull, and consequently tiresome Opera of Handel’s [en fait le pasticcio Catone], whose genius seems quite exhausted. […] The only thing I liked in it was our Naples acquaintance, Celestina; who is not so pretty as she was, but sings better than she did.
Son tempérament demeurait léger, et c'est une seconda donna particulièrement distante et de basse extraction qu'elle incarne dans Orlando, ce qui ne l'empêche pas d'affronter un difficile Amor è qual vento, avec des sauts de deux octaves. Cette aptitude à déployer un ambitus impressionnant avait en outre été inaugurée en début de saison dès le pasticcio Catone, dans lequel la Celestina reprenait un air de Hasse composé pour Caffarelli, encore plus exigeant, du la2 au do5, avec là encore des sauts de la même amplitude – à considérer qu'elle l'ait chanté à l'identique. Elle reprend aussi le rôle d'Elisa, créé par la Bordoni, dans Tolomeo, substituant un seul des airs originaux par Ai guardi tuoi, tiré de Riccardo primo, et composé pour la même illustrissime diva. La soprano est reçue très favorablement par la critique.
Celeste Gismondi (Resse ?) rejoint la compagnie rivale de Haendel, comme la quasi totalité de la troupe dont Senesino, et crée Arianna in Creta de Porpora. La Cuzzoni, ancienne diva de Haendel, revient même à Londres pour chanter avec Porpora ; Celeste, Senesino, Montagnana, Bertolli et la Cuzzoni chantent ensemble Enea nel Lazio de Porpora en 1734. La Celestina est mariée à un Britannique nommé Hempson, mais souffre d'une maladie qu'il finit par l'emporter prématurément en 1735. |