De naissance romaine, Anna Renzi débute sur scène à 17 ans. En 1639, elle est à Rome pour donner La Sincerità trionfante à l’ambassade française, du compositeur A. Cecchini. Elle chante également un opéra du musicien Laurenzi, qui lui fait bénéficier de son enseignement. Les chanteuses romaines, ou formées dans cette ville, jouissent alors d’une flatteuse réputation. Laurenzi l’encourage donc à se rendre à Venise : en 1741 elle y fait ses débuts en Deidamia de La Finta Pazza de Sacrati, un de ses rôles emblématiques. L’œuvre est donnée pour l’inauguration du Teatro novissimo, nouvelle salle comptant prendre sa part du succès nouveau et immense du genre lyrique dans la Sérénissime. Le succès considérable impose Anna Renzi comme la diva vénitienne des années 1640, et inaugure un élément récurrent à l'opéra, la scène de folie. De Sacrati, on donne la même saison Il Bellerofonte, où chante également Giulia Paolelli et le castrat Grasseschi.
En 1643, Renzi chante Aretusa dans La Finta Savia de Laurenzi et Ottavia dans L’Incoronazione di Poppea, avec Anna de Valerio. Ces œuvres exploitent pleinement les dons tragiques de la cantatrice. Deux ans plus tard, Anna Renzi épouse un violoniste nommé Sabbatini. En 1644 est publié un recueil de poèmes et textes à la gloire de la « diva de l’opéra » : Le Glorie della signora Anna Renzi. On y trouve cette description de Giulio Strozzi, librettiste de La Finta Pazza :
L’action qui révèle l’âme, l’esprit et la vie des choses est soumise aux mouvements du corps, à la gestuelle, au visage, à la voix, qui tantôt s’enfle, tantôt s’amenuise, devient enragée puis se calme soudain ; par moments le débit s’emballe, puis ralentit, le corps part vers une direction, vers une autre, les bras serrés près du corps se tendent soudain, accompagnés de rires et de larmes, les mains s’animent avec calme ou une grande agitation. Notre signora Anna est capable d’expressions si vivantes que ses répliques ou discours ne semblent pas avoir été appris, mais paraissent naître spontanément. En somme, elle incarne complètement le personnage qu’elle représente, et paraît semblable tantôt à Thalie pleine de gaieté comique, tantôt à Melpomène dans toute sa majesté tragique.
Le même Strozzi loue également les qualités purement vocales de Renzi, l’équilibre des registres, l’agilité dans les passages, les trilles, et la solidité. Au théâtre SS. Giovanni e Paolo, elle brille sur toute la seconde moitié de la décennie, dans des ouvrages composés pour elle (Torilda en 1747-48, Argiope la saison suivante, etc.). On l'entend aussi à Florence en 1650.
Renzi quitte cependant Venise en 1653, chante Torilda et Cesare amante à Gênes, et se rend à Innsbruck où elle demeure de 1653 à 1654. Elle y a l’occasion de créer la musique d’Antonio Cesti. Anna revient brièvement en 1655 pour interpréter Dorisbe dans L'Argia donnée en l’honneur de Christine de Suède, avec le castrat Pancotti dans le rôle titre.
Revenue en Italie, c’est à Venise que Renzi se fixe, ville de tous ses succès où elle était retournée créer Eupatra de Pietro Andrea Ziani entre ses séjours autrichiens. Elle y chante encore jusqu’à un ultime Le Fortune di Rodope e Damira du même Ziani en 1657. Deux ans plus tard, elle quitte la Sérénissime, y revient en 1662, après quoi plus aucune information ne subsiste à son sujet.
Anna Renzi est la première diva de l’opéra ; non par son caractère, plutôt simple et « mélancolique » selon Strozzi, ni par quelque frasque amoureuse. Elle n’est simplement rattachée à aucune troupe ou cour, à l’inverse de Francesca Caccini, se produit sur scène, à l’inverse de Leonora Baroni, et s’impose comme chanteuse actrice plutôt que comme actrice chantante à l’image de Virginia Andreini. On écrit des rôles spécifiquement pour la Renzi, qui participe ainsi activement au développement du genre opéra. |