Anna Pozzi est une soprano de talent, peut-être liée au compositeur Carlo Pozzi que l'on retrouve en Russie entre 1794 et 1803.
La jeune et belle Anna Pozzi est engagée à Londres au King's Theatre en 1776, succédant à la Gabrielli. L'accueil est tout d'abord favorable, on apprécie sa voix claire et puissante dans le pasticcio Astarto, re di Tiro, mais elle est finalement très vite remplacée, par manque d'expérience d'après Mount Edgcumbe. Sa carrière londonienne ne s'arrête cependant pas là, et on l'entend encore quatre ans dans la capitale. Le Journal etranger de 1778 commente La Vera Costanza d'Anfossi :
Elle a un joli organe, et si elle ouvrait un peu plus la bouche en chantant, & si elle s'attachait à mieux prononcer, à varier un peu ses passages, à mieux terminer ses phrases musicales, à changer un peu ses gestes qui sont servilement, & malheureusement, toujours les mêmes, elle pourrait devenir intéressante. Elle a une figure agréable, une voix douce & flexible ; elle est fort jeune ; avec du travail, & de bons maîtres, elle a tout ce qu'il faut pour réussir.
Elle chante comme seconda donna face à Franziska Danzi-Lebrun et Pacchierotti, par exemple dans les pasticci Alessandro nell'Indie (1779) et L'Olimpiade (1780). Elle se produit aussi en concert avec les autres chanteurs, et Susan Burney ne l'apprécie guère.
On entend la soprano à Florence, puis à Venise en 1780-81 alors qu'elle crée Epponina dans Giulio Sabino de Sarti, l'un des plus grands succès de l'époque, avec Pacchierotti et le ténor Panati. À Padoue, elle se produit avec Crescentini et David dans un pasticcio sur Didone. Le ténor Kelly assiste aux représentations :
la prima donna, bien que jouant et chantant extrêmement bien, était, pour être tout à fait honnête, extrêmement laide.
À la générale, le ténor David a ainsi l'indélicatesse de substituer l'exclamation d'Iarba « superba e bella » par « superba e brutta » (fière et laide)...
Pozzi est à Bergame et Milan en 1783, et retrouve Venise pour le carnaval 1783-84, avec des œuvres de Bertoni, Giordani et Guardi. Étoile du San Carlo de Naples en 1784-85, elle chante par exemple Cajo Mario de Bianchi avec David, Rubinacci et Rubinelli. Elle est à Turin en 1785-86, et crée Antigono de Paisiello, avec d'autres pages de Monza et Rispoli. Elle crée Ifigenia in Aulide de Zingarelli en 1787 à Milan avant de retrouver Venise. Anna Pozzi se produit aussi à Mantoue, Trieste, Vincence, Reggio Emilia etc. et arbore le titre de virtuosa di camera di SAR l'Infante duca di Parma.
La cantatrice se rend alors à St-Pétersbourg en 1788, au service de Catherine II et brille sur les scènes de l'Ermitage, à la grande époque de Cimarosa. Elle crée ainsi Atene edificata ou encore Cleopatra, avec le ténor Jermoli et le castrat Bruni. Elle semble se produire également à Varsovie, où il est possible qu'elle meure prématurément.
Fioritures en notes piquées d'Anna Pozzi dans La Vergine del sole de Cimarosa, jusqu'au mi5
La Gazzetta di Toscana de 1780 relate ainsi les représentations florentines d'Attalo in Bitinia :
Mercredi soir fut représenté [...] le drame Attalo in Bitinia, à l'occasion duquel divers sonnets ont été lancés dans le théâtre en l'honneur de la prima donna Anna Pozzi, dont la voix magnifique et le style de chant ont rencontré une satisfaction universelle, au même titre que le soprano Bedini. Toutefois, une cantatrice aussi douée aurait dû déclencher un engouement plus marqué et méritait de plus vives louanges.
Une autre Anna Pozzi chante de petits rôles d'opéra vers 1820. |