La cantatrice Luigia Moreschi voit le jour vers 1760 à Naples. À dix-neuf ans, elle épouse le violoniste Polzelli et l'accompagne à Esterháza. La médiocrité de ce couple de musiciens apparaît vite aux yeux du public et du prince qui les emploie, lequel projette de rompre le contrat avant même son expiration, dès 1780. Mais la soprano a déjà entamé une relation sentimentale avec le compositeur de la cour Joseph Haydn, qui négocie son maintien dans la troupe.
Luigia paraît donc régulièrement sur scène, mais les rôles de la quarantaine d'opéras qu'elle reprend sont souvent réécrits à sa mesure, dans un style simple, direct et parfois banal. Elle chante donc La Frascatana de Paisiello en 1779, Bellonia dans Il Falegname de Cimarosa en 1783, Erissena dans Alessandro nell' Indie de Bianchi en 1787, Clizia dans L’Arbore di Diana de Martín y Soler, et quantité d'opéras d'Anfossi, Traetta, Naumann, Grétry, Salieri, Cimarosa, Sarti, Righini, Astaritta... Quasi exclusivement dans le genre bouffe.
De Haydn, elle chante deux rôles, dans La Vera Costanza et L'Isola disabitata, avec la basse Benedetti et la soprano Ripamonti. Elle s'impose comme l'un des piliers de la troupe, malgré son modeste talent, et ne perd son emploi qu'en 1790 avec la mort du prince Esterházy.
La soprano et son époux légitime se rendent alors à Vienne pendant environ deux ans, et se fixent à Plaisance, en Italie. Elle y chante notamment La Pastorella nobile de Guglielmi.
La soprano se produit ensuite à Bologne, dans un petit théâtre, et continue de correspondre avec Haydn, qui lui envoie de l'argent et promet de ne pas épouser d'autre femme qu'elle, maintenant qu'il est veuf (1800). Néanmoins, elle se remarie avec un chanteur nommé Franchi et voyage avec lui via Crémone et jusqu'en Hongrie, puis finit misérablement ses jours à Košice en Slovaquie, vers 1830.
Sa relation avec Haydn a été largement commentée ; il semble qu'elle ait duré une dizaine d'année et qu'un fils, Antonio, soit né de leur relation. Seule son histoire avec Haydn lui vaut de faire l'objet d'une certaine attention aujourd'hui, dans la mesure où son talent était modeste. |