Marianne von Geyerseck est Allemande, originaire d'Eschenau près d'Heilbronn. Elle épouse le violoniste Franz Joseph Karl Pirker à l'âge de vingt ans, et débute sous ce nom.
On la retrouve dans une production de L'Adelaide de Vivaldi, à Graz, en 1739, avec Teresa Peruzzi et Elisabetta Moro. Elle intègre en effet la troupe de Pietro Mingotti – où son mari est violoniste – et se produit à Hambourg avec le castrat Zaghini, en 1740.
De 1743 à 1747, sa réputation va grandissante sur les scènes italiennes : elle est Semira dans Artaserse de Terradellas, puis Rossane dans Temistocle de Bernasconi à Venise en 1743-44 ; en 1745, elle prend part au pasticcio Zoe à Livourne avec Fumagalli et Pinacci.
Ses succès lui valent une invitation à Londres, lancée par lord Middlesex en 1746. L'accueil est enthousiaste – même si Burney lui trouve peu de talent – mais elle n'est pas assez rentable : le couple Pirker accumule les dettes et Franz doit rester régler leurs affaires alors que Marianne retrouve la troupe de Mingotti en 1748. La soprano chante comme prima donna, et son mari, qui la retrouve l'année suivante, se charge de traduire des livrets. C'est pour Marianne l'occasion d'interpréter une œuvre d'un jeune compositeur à la réputation montante : Gluck, dont elle créé La Contesa de' Numi à Copenhague, avec le castrat Antonio Casati et le ténor von Hager.
En 1750, les Pirker se fixent à Stuttgart, où ils montent avec succès leur propre compagnie : la première œuvre jouée est Artaserse de Graun. La soprano incarne ensuite Libia dans la première version du Fetonte du maître de chapelle Jommelli en 1753, puis Marzia dans Catone in Utica, Ippodamia dans Pelope (1755), ou encore Mandane dans Artaserse, en 1756. Il semble que le couple Pirker forme même un ménage à trois avec le castrat Giuseppe Jozzi, connu dans la troupe des Mingotti et engagé à Stuttgart ! Mais c'est la fréquentation du couple ducal qui coûte cher à Marianne : alors que le duc de Württemberg est en plein conflit avec son épouse, la soprano est soudain mise sous les verrous arbitrairement, payant l'amitié et le soutien qu'elle témoigne à la duchesse. Elle reste en prison pendant huit ans ! Ce n'est que sur intervention des impératrices de Russie et d'Autriche que le duc Carl Eugen la relâche, en 1764.
La pauvre cantatrice s'établit à Heilbronn, sa ville d'origine, et se consacre à l'enseignement. Sa fille Luisa chante également des seconds rôles à la cour. |