La Tilla est une soprano fort réputée, au service du prince de Toscane, et ainsi attachée à la cour de Florence et au théâtre de Pratolino. On l'y repère dès 1692, et à maintes reprises jusqu'en 1710. Elle y interprète notamment Alessandro Melani en 1699 (La Costanza negli amori), Albinoni et Scarlatti en 1701, et encore Flavio Cubernito de Scarlatti en 1702 avec la Musi, De Castris et Pistocchi.
En 1694, on retrouve aussi la soprano à Venise avec la Tarquini. Deux ans plus tard, la cantatrice est à Reggio pour Almansorre de Pollarolo, avec rien moins que les castrats Siface, Cortona, De Grandis et la contralto Riccioni. Pini est ensuite à Bologne avec la Mignatta et doit créer un Perseo avec Siface ; mais celui-ci est assassiné en chemin et remplacé par Ferrini. En 1697-1698, on la repère à Milan pour Amfione de Magni, face à Nicola Paris. Elle est appréciée à Sienne en 1700 dans Il Trionfo di Camilla, grand succès de Giovanni Bononcini qu'elle a déjà chanté à Plaisance avec Cortona et la basse Carli : un admirateur jaloux interdit à son partenaire le castrat Frilli d'approcher la maison de la diva ! On entend la Tilla à Reggio, Gênes, Turin (avec le contralto Albarelli) puis Casale Monferrato en 1704. Ces années voient émerger de futurs étoiles du chant : Domenica accompagne sur scène un Senesino de 13 ans et un tout jeune Bernacchi.
Entre 1704 et 1710, elle est la prima donna attitrée du San Cassiano de Venise : la Tilla y interprète de nombreuses pages de Gasparini (dont La Mascherata levata al vitio avec Tempesti et Pasi) et Lotti (Sidonio, Il Ciro etc.), accompagnant les débuts locaux de Santa Stella. Ses partenaires de cette période vénitienne prestigieuse se nomment Pistocchi, Margherita Salicola, Tollini, Giuseppe et Francesca Boschi, Carboni, Paita, F. De Grandis... La fine fleur de l'époque ! Pini paraît aussi à Gênes en 1705 et Bologne en 1708 (Il Venceslao de Perti avec les castrats Matteuccio et Vitali).
Domenica Pini se rend ensuite à Rome, appelée par la reine de Pologne, en 1711 pour le carnaval 1712. Sa venue provoque quelques remous au sein de la noblesse locale. On sait qu'elle chante une serenata en public sur la loggia du palais de la souveraine ; elle participe probablement aussi au Tetide in Sciro de Domenico Scarlatti donnés sur le théâtre privé. Mais il n'y a pas de preuves tangibles de prestations scéniques de la Tilla après cette date, ce qui représenterait une vingtaine d'années de carrière.
La Tilla est une des cantatrices les plus célèbres de son temps, mais son répertoire reste peu exploré. Il semblerait qu'elle ait disposé d'une voix plutôt centrale dans le style de son temps. |
> air Vorresti o labbro amante
> air Sparger non vo più lagrime |
D. Andersen, Lautten Compagney dir. W. Katschner – Mia vita, mio ben, CD Berlin Classics
M. Beaumont, Lautten Compagney dir. W. Katschner – Dolce mio ben, CD Berlin Classics |