Virtuose de la cour de Hanovre, avec le castrat Pellegrini. Elle est l'épouse d'un violoncelliste nommé Giovanni Schiavonetti.
Entre 1710 et 1717, la Pilotti participe aux spectacles du Queen's Theatre de Londres, en commençant par Idaspe fedele de Mancini avec le castrat Nicolino, avant l'autre grand succès de l'époque : Rinaldo de Haendel. Ce dernier lui destine des rôles hauts en couleur et d'une grande difficulté dans ses opéras Il Pastor fido, Teseo, Amadigi et sans doute Silla. La soprano est alors spécialisée dans les rôles d'enchanteresse amoureuse, à l'image de Mélisse, Médée et Armide. On la retrouve également dans les nombreux pasticci affectionnés par Londres, et dans les œuvres de G. Bononcini (Etearco) et F. Gasparini (Ambleto, Antioco). Elle partage les planches avec la contralto Vico, les sopranos Galerati, De L'Epine, les basses Boschi et Zannoni etc.
Ces prestations londoniennes, y compris en concert chez la noblesse (elle est virtuose du prince de Galles), n'exemptent pas entièrement la soprano de ses obligations à la cour de Hanovre. Elle y est notamment en 1712, alors que le librettiste Pallavicino écrit au compositeur Steffani, qui se trouve à Herten :
Nous accueillons sa Grace l'électeur de Trèves pour dix jours encore. Comme nos musiciens ne peuvent donc pas venir vous rejoindre, que diriez-vous si, à leur place, je vous envoyais les Schiavonetti pour une soirée ? Elle doit aujourd'hui chanter pour l'électrice, et je prendrai soin de lui indiquer qu'elle ne s'écartera guère de son chemin vers Münster si elle s'arrête à Herten.
Il n'est pas impossible que les derniers duetti pour soprano et alto de Steffani, qui datent de cette époque, aient été écrits pour l'occasion (Dolce labro et Quando ti stringo). Il est aussi probable que Haendel ait composé une partie de ses duetti pour elle, lors de son séjour à Hanovre.
À son retour d'Angleterre, toute la famille Schiavonetti entre au service de la cour de Württemberg, où le fils de la cantatrice trouve une position de hautboïste. En 1722, les Schiavonetti sont à Venise. Entre 1722 et 1724, Schiavonetti père et fils sont employés à Würzburg. En 1726, Elisabetta est à Stuttgart et interprète un opéra plus léger, Pyramus und Thisbe, sous la direction de son époux (ou de son fils ?).
Dramatique de voix et de tempérament, la Pilotti chantait des parties assez centrales capables de se tendre avec une très grande agilité sur deux octaves pleines, du do3 au contre-ut : c'est d'ailleurs la seule cantatrice pour laquelle Haendel écrit la note, attaquée de front dans Molto voglio, molto spero de Rinaldo. Les traits furibonds de Médée sont également la signature d'une vocaliste de très haute volée. |