Soprano italienne d'origine modeste, Maria Piccinelli arrive à s'imposer dans toutes sortes de répertoires, et sur les grandes scènes.
Les débuts se font au moins en 1757, à Pise, dans un rôle de second plan de Temistocle où brillent le ténor Tibaldi et son épouse. Anna Maria poursuit à Florence, Turin, Milan (dans des opéras bouffes avec la Tonelli, dont Le Cantatrici de Lampugnani) puis Gênes, cette fois comme prima donna. Mais face à la Gabrielli, Piccinelli est seconda donna en 1759 dans Ippolito ed Aricia, avec Elisi.
En 1760, la virtuose accompagne à nouveau la Gabrielli avec le castrat Manzuoli à Vienne pour Alcide al bivio de Hasse, dans le rôle d'Aretea, et crée Pallas dans Tetide de Gluck. On l'y entend aussi dans une cantate de Giuseppe Scarlatti avec le castrat Rolfi.
On l'emmène à Paris où elle débute en 1761 dans une comédie italienne sur mesure : La Cantatrice italienne, donnée à l'hôtel de Bourgogne – elle ne parle alors pas français. D'autres pièces suivent, avec succès, comme La Nouvelle Italie, et la cantatrice s'impose comme prima amorosa de la scène parisienne jusqu'en 1766. On célèbre essentiellement son chant d'essence séria et sa grâce, mais aussi son jeu – P. Verri rapportera plus tard qu'elle a étudié avec la Clairon, mais Goldoni la juge mauvaise actrice. Ce dernier participe toutefois à certains de ses succès parisiens, avec notamment La Buona Figliuola mise en musique par Duni. En 1763, le duc de Duras remonte les bretelles :
Sur les plaintes qui nous ont été faites du peu d'exactitude de la demoiselle Piccinelli, les comédiens auront soin de la prévenir de remplir plus exactement à l'avenir son devoir et d'avoir soin de se former pour les rôles pour lesquels elle a été reçue.
De cette période parisienne date l'épisode souvent relaté (notamment dans une lettre de Favart à Durazzo) des « quatre mères » : abandonnée par sa génitrice, Anna Maria reçoit le lait d'une femme qui finit par vendre la belle enfant à une troisième tutrice. Celle-ci lui offre une belle éducation, mais la jeune fille a d'autres projets que le mari qu'on lui présente et se choisit une quatrième mère adoptive, celle-là même qui l'emmène à Paris. On raconte que ces quatre mères se retrouvent en 1762 chez la chanteuse pour lui soutirer de l'argent, ce à quoi Anna répond en renonçant à toutes. Elle prend alors pour mari Antoine-François Soleri de Vézian, frère d'un demoiselle de la Comédie italienne, mais le mariage n'est guère heureux, mais donne au moins deux filles également nommées Maria, et chanteuses.
 De retour en Italie, on la surnomme la Francesina. À Florence, elle reprend La Disfatta di Dario de Cafaro avec Clementina Spagnoli ; en 1766, elle donne Demofoonte de Guglielmi à Trévise ; en 1767 elle chante Ezio de Bertoni à Venise avec Guadagni et le ténor Afferri. Elle prend un rôle écrit par Mysliveček pour la Gabrielli à Sienne, la même année. Piccinelli chante plusieurs opéras de Traetta, dont Il Tributo campestre avec les castrats Solzi et Potenza, et le ténor Pietro De Mezzo, ainsi que le rôle titre d'Ifigenia in Tauride à Milan en 1768. Elle côtoie Aprile à Milan en 1770 dans Giulio Cesare de Piccinni (voir ci-contre). Lorsque Calzabigi suggère de grands noms de tragédiennes pour créer le rôle d'Alceste, il cite la Mingotti et la Francesina. En 1775, Piccinelli paraît dans Eumene de Sacchini à Crémone, avec le castrat Caselli : la fin de la carrière semble proche.
Une Marietta Piccinelli paraît dans l'opéra bouffe à Venise. Il devrait s'agir d'une de ses filles, surtout que les rôles en question sont souvent bien secondaires. De fait, il est délicat de distinguer la carrière finissante de la mère des débuts à l'opéra de ses filles, toutefois moins bien dotées vocalement et spécialisées dans l'opéra bouffe. Les filles de Piccinelli portent un temps le nom de leur mère (et pas celui de leur père) et héritent du surnom de Francesina – c'est en tout cas le cas à Vienne. L'une d'elle devient l'épouse de la basse Stefano Mandini et mène une belle carrière, l'autre pas vraiment.
Il convient aussi de distinguer la présente Maria Piccinelli d'une certaine Anna Maria Piccinelli qui chante notamment à Prague dans la troupe de Denzio au cours des années 1720. |
