Cette chanteuse naît au sein d'une famille de musiciens : son père et son oncle Francesco et Antonino Pio sont des chanteurs romains, qui paraissent sur les planches vénitiennes dans les années 1650 et 1660. Il est possible que Margherita ait été formée à Venise, grâce aux contacts de sa famille.
C'est en tout cas à Venise qu'elle débute, à seulement treize ans, dans Alessandro amante de Boretti au San Moisè, pour le carnaval 1666-67. Le succès est suffisant pour qu'elle décroche un engagement la saison suivante au SS Giovanni e Paolo avec la Botteghi ; Eliogabalo de Cavalli devait y être créé, mais ce sera finalement la version de Boretti qui sera jouée (elle la reprendra à Rome en 1673). La chanteuse est pressentie pour chanter à Mantoue en 1669, mais son nom n'apparaît finalement pas dans le livret imprimé ; cela indique néanmoins que sa carrière est déjà établie hors de Venise.
Pia chante à Bologne en 1673 avec les castrats Cecchi, Rivani et la basse Fusai dans Achille in Sciro de Legrenzi. On la retrouve à Livourne l'année suivante dans deux produtions, dont Marcello in Siracusa de Boretti, ainsi qu'à Rome avec de nouveau Botteghi dans Massenzio.
Les distributions des années 1660 et 1670 n'étaient pas imprimées, mais certaines correspondances attestent d'autres prestations de Pia dans les théâtres de la Sérénissime, notamment dans L'Orfeo (1672) et Giulio Cesare in Egitto (1676) de Sartorio. Pietro Dolfin relève le grand succès de Pia dans cette dernière œuvre, tandis qu'elle était eclipsée par Antonia Coresi dans la première. Elle noue une relation particulière avec le teatro San Luca, où elle reparaît visiblement pour interpréter Sartorio en 1677-78, mal entourée selon Dolfin, mais avec la belle musique du maître dans Anacreonte tiranno par exemple. |