Anna Peruzzi est originaire de Bologne. Son surnom de « petite coiffeuse » lui vient sans doute du métier de ses parents. Elle est peut-être liée aux cantatrices Vittoria et Teresa Peruzzi.
La Peruzzi est au service de la princesse de la cour de Modène.
Anna Peruzzi est seconda donna à Venise en 1729-30, au San Angelo, derrière la Gasparini. On l'y entend dans Albinoni, Pescetti et Galuppi, et elle revient pour la saison 1732, après un passage au San Samuele (Venere placata de Corselli).
Peruzzi est prima donna à Lucques dans Artaserse de Hasse, dès 1730, avec la Lancetti, le ténor Tomii et le contralto Pacini.
Elle s'efface aussi derrière Vittoria Tesi, immense tragédienne lyrique, dans le Siroe de Hasse créé à Bologne en 1733 avec Farinelli et Caffarelli, et retrouve la contralto à Milan dans un opéra de Lampugnani. La Peruzzi chante aussi la première Servilia du compositeur à Pesaro, en 1735, avec la Bordoni, Carestini et Amorevoli. On rapporte qu'elle perd momentanément sa voix à Bologne en 1733, et doit essuyer les insultes du public.
Première chanteuse au San Giovanni Grisostomo dès 1735-36, elle est cette fois Vitellia dans La Clemenza di Tito de Leo, avec le ténor Fabri et le contralto Bernacchi. On y donne aussi Hasse et Schiassi.
Entre 1737 et 1740, Anna Peruzzi est prima donna à Naples, participant à l'inauguration du nouveau théâtre San Carlo dans Achille in Sciro, avec la Tesi, Amorevoli et Marianino, puis demeurant en tête de distribution des ouvrages de Leo, Sarro, Porpora, Ristori, Vinci... On raconte que la lutte est âpre, désormais, entre la Tesi et la Peruzzi : à l'occasion du spectacle inaugural, la première estime que jouer un rôle masculin est « mauvais pour sa santé » (!) et la seconde refuse la présence d'une autre prima donna...
La Peruzzi est invitée pour se produire trois hivers à Lisbonne, mais ses prétentions financières sont trop élevées et on ne l'y entend finalement pas. En revanche, Anna Peruzzi se rend à Madrid sur invitation de Farinelli, en charge de mettre en place de luxueux spectacles d'opéra séria. Elle débute dans le Farnace de Corselli (Tamiri), retrouvant la Tesi mais aussi Caffarelli, Fabri ou le castrat Saletti. Engagée comme chanteuse à la cour, elle se produit à l'opéra pendant de nombreuses années, toujours au premier plan, jusqu'à être détrônée par la Mingotti. On l'entend ainsi avec la fidèle contralto Uttini et la basse Montagnana dans maints opéras comme Achille in Sciro de Corselli (1744) ; La Clemenza di Tito de divers auteurs dont le maître de chapelle Mele (1747) ; Demofoonte de Galuppi (1749) ; La Festa cinese de Conforto (1751) avec Elena Pieri et Manzuoli. La diva reste en place jusqu'en 1752, puis se rend à Lisbonne, espérant un engagement à la cour : l'âge d'or est passé et elle rentre bredouille vers 1754.
Épouse d'un Tomas de Arizaga, elle perd son époux et se remarie avec Francisco Mangino, lui apportant une fastueuse dot. Ce dernier est nommé corregidor d'une ville mexicaine en 1764 ; Anna Peruzzi cherche à le rejoindre lorsqu'une tempête dans le golfe du Lion lui fait perdre tous ses biens. Elle adresse une supplique à Charles III, dont la mère lui accorde une certaine somme. Il est donc probable qu'Anna Peruzzi finisse ses jours à suivre la carrière étrangère de son époux.
Elle s'est imposée comme l'une des prime donne les plus importantes des années 1730. L'impresario Albizzi la juge encore digne d'être première chanteuse en 1740 ; mais sa carrière est alors quasi exclusivement espagnole. Elle participe au rayonnement d'une cour madrilène où se succèdent des artistes du calibre de Manzuoli, Basteriis, Carlani, la Castellini, etc. Le rôle de Deidamia écrit par Sarro met en valeur une indéniable agilité ainsi qu'un sens du tragique. Peruzzi chante d'ailleurs plus de récitatifs accompagnés que la Tesi à Madrid dans Farnace de Corselli, et dans l'étalage des genres dramatiques proposés dans La Festa cinese, c'est à elle que revient le style tragique avec la scène d'Andromaque.
On l'a souvent confondue, depuis Fétis, à la contralto Teresa Peruzzi active à Prague à la fin des années 1720. |