Antonia Pellizzari est vénitienne. Cas plus rare chez les sopranos que chez les contraltos, elle se spécialise très vite dans les rôles masculins, et encore dans un certain type de prince soupirant plutôt que les vigoureux guerriers. Sa présence et son physique ainsi que le grain de sa voix devaient convenir particulièrement à ce genre d'incarnations.
Ainsi, dès 1710 Antonia chante un rôle masculin au San Fantino de Venise dans L'Erginia mascherata d'auteur inconnu. Plus tard, on la retrouve notamment en Nicandro dans Arsila, regina di Ponto et Arpago dans L'Incoronazione di Poppea de Vivaldi puis Penelope la casta de Chelleri en 1716-17, saison où le ténor Fabri et son épouse jouent les premiers rôles. En 1720, elle est Polide dans Paride d'Orlandini, dont le rôle titre est tenu par Bartolomeo Bartoli accompagné de la brillante Faustina Bordoni. En 1722, elle chante dans L'Innocenza difesa de Chelleri et Gli Eccessi della gelosia d'Albinoni. On l'entend encore dans des opéras de Pollarolo et Bassani.
Son talent dépasse la Sérénissime, et on la réclame à Milan en 1720 pour Il più fedel fra i vassalli de F. Gasparini en capitaine Ormonte, avec Pinacci, Anna D'Ambreville ou encore la Pieri. Elle est prima donna à Pesaro en 1723, avec Maria Teresa Pieri. Pellizzari accompagne Galuppi à Florence en 1725-26 – le jeune compositeur devient alors apparemment l'amant du grand duc de Toscane Gian Gastone Medici – et chante La Forza del sangue de Buini. En 1727, elle campe le traître Arasse dans Siroe de Sarro à Naples avec la Bulgarelli et les castrats Berenstadt et Scalzi, dans un révision due à Métastase en personne qui lui octroie trois airs au lieu d'un. Elle y chante aussi Edelberto dans Ernelinda de Vinci et Eracleonte dans Sesostrate de Hasse. |