On identifie des chanteuses nommées Paghetti à Bologne : une Giustina entre 1685 et 1688, puis une Vincenza en 1711-12. Le patronyme est peut-être courant dans la région, ou elles sont de la génération précédant une série de chanteuses dont la carrière se déroule principalement à Lisbonne : Anna, Adriana et Elena.
Si on identifie Elena Paghetti à Reggio en 1731-32 dans deux opéras de Buini avec Cecilia Belisani, c'est au Portugal qu'on repère les sœurs.
On présume que les trois Paghetti chantent au palais royal lors du Carnaval 1733 dans un opéra de Francisco De Almeida, et leurs talents séduisent à la ville comme à la cour.
Sous la houlette du père Alessandro, violoniste du roi, la compagnie Paghetti obtient le privilège d'ouvrir le premier théâtre public du Portagal. Elles se présentent dans Farnace (anonyme, pasticcio ?) : Elena est la prima donna Tamiri, Adriana est l'antagoniste Berenice et Anna la seconda donna Selinda (une Francisca est également citée). Elena n'apparaît pas aussi régulièrement que ses deux sœurs et Adriana incarne parfois la prima donna dans la suite des productions, qui enchaînent cinq opéras de Schiassi sur des livrets de Metastasio (Artaserse, Demofoonte...) – le castrat Valletta est primo uomo. Elena reprend le flambeau en 1738, dans Semiramide. La troupe chante aussi Leo, Porpora et Nicola Sala (Vologeso en 1739, uniquement avec Adriana). Après 1740, seule Angela Adriana Paghetti paraît sur les planches – encore prima donna dans Bajazet en 1742, où elle chante avec le célèbre ténor Fabri. C'est sa dernière prestation locale ; elle est cependant prima donna à Turin dans Poro de Gluck avec le castrat Nicolini.
On sait qu'Elena reste au Portugal : elle épouse l'imprésario José Vincente Correa de Abreu et décède en 1791 en cheffe de famille, à la tête de richesses notables. Les frères Giovanni Battista et Francesco Maria Paghetti sont actifs comme instrumentistes au-delà de la carrière des cantatrices. Adriana épouse un page de la reine (Antonio Xavier Soeiro), et après son départ du Portugal, on rapporte qu'elle vit dans un couvent (1764). Anna épouse quant à elle le ténor de la troupe Felice Checcacci, qu'elle accompagne à Turin en 1745. |