Marianna Monti fait partie d'une famille de chanteuses réputées à Naples : sa cousine Laura est l'étoile des intermezzi des années 1730 et crée la Serpina de Pergolesi. Ses autres cousines Anna et Grazia font aussi carrière, et une autre Marianna Monti participait déjà aux pages comiques de la ville autour de 1720.
La voix de Marianna est centrale, et serait aujourd'hui peut-être qualifiée de mezzo-soprano.
Comme c'est souvent le cas, Marianna commence assez jeune, à 16 ans, et consacre son talent à l'opera buffa uniquement. Ce genre a alors largement pris son essor, et l'idiome napolitain repose sur le charisme et l'art de le comédie plus que sur le pur talent vocal : c'est également par là que brillent Giuseppe et Antonio Casaccia, basses incontournables à Naples et partenaires réguliers de Marianna dans d'innombrables créations, pendant près de 25 ans.
Elle paraît notamment en 1748 dans un opéra de Jommelli. C'est avec Giuseppe Casaccia qu'on la retrouve à l'affiche de La Gismonda de Cocchi en 1750, et dans ans plus tard dans une Griselda à la sauce comique revue par Logroscino, dans laquelle chante aussi Caterina Flavis. Les compositeurs des années 1750 sont parfois bien oubliés, comme Corbisieri, Gabelloni, Orgitano, Capranica, Avossa, Errichelli, Cordella, etc. Plus connus sont Conforto, Piccinni ou encore Latilla.
En 1760, le scandale rattrape la chanteuse. Elle aurait entretenu des rapports licencieux avec le prince de Gerace et se fait alors emprisonner par les autorités du royaume. Marianna doit justifier de sa bonne moralité, se défendre d'avoir eu des relations condamnables avec le prince – lui-même derrière les barreaux– et se voit proposer une alternative : entrer dans les ordres ou se marier. Elle finit par obtenir une permission sous prétexte d'assister à la messe, mais en profite pour signer un contrat avec le théâtre des Fiorentini, soucieuse de ne pas abandonner sa carrière et de revendiquer son indépendance financière : elle refuse la pension qu'on veut forcer le prince à lui verser ! Elle finit par être relâchée et reprend le chemin de la scène.
Marianna interprète Le Gelosie de Piccinni en 1763, avec G. Flavis. Souvent accompagné du ténor Nicola Grimaldi, elle s'illustre dans les opéras bouffes d'Insanguine, Piccinni, Anfossi, Sacchini. Elle est à l'affiche des premières pages de Paisiello (La Luna abitata, 1768), et en 1771, avec les Casaccia, accompagne les débuts du grand Cimarosa dans Le Stravaganze del conte. Elle continue de briller au Teatro Nuovo et aux Fiorentini en interprétant ces compositeurs ainsi que G. Monti (musicien lié ?), P. Fago, Guglielmi, etc. La basse Luzio s'impose alors parmi les autres piliers du genre local (Il Credulo deluso de Paisiello, 1774).
La Monti paraît très rarement hors de Naples, mais on retrouve sa trace à Milan en 1769 dans L'Impresa d'opera de Guglielmi, avec une superbe distribution réunissant le ténor Jermoli, la basse Bussani ainsi queGiovanna et Costanza Baglioni.
Elle finit dans la misère dans la ville de ses succès. Il faut dire qu'en dépit de sa popularité et de l'engouement suscité par l'opéra bouffe, elle gagne parfois moins qu'une seconda donna du San Carlo, on l'on donne l'opéra sérieux. Sa contribution à la construction et au succès du genre buffo à Naples n'en est pas moins substantielle. |