Ces deux sœurs sont filles de Jean-François de Monjou, responsable des pages à la cour de Köthen. Si rien n'atteste qu'elles en furent les élèves, les artistes sont actives à cette cour entre 1720 et 1722, en même temps que Bach, qui a très bien pu leur destiner des œuvres. Elles sont probablement membres de la société musicale de Wittenberg : en 1717-18, elles y chante sous la houlette de Kunzen.
On fait appel à leur talent à l'opéra de Hambourg, au Gänsemarkt, joyau de l'opéra baroque, alors qu'une partie de la troupe est en tournée au Danemark. On les distingue dans les livrets par d.ä (die ältere) et d.j. (die jungere) ou encore senior ou junior, respectivement. Diverses sources indiquent que l'aînée chante les parties d'alto, mais sa partie dans Jodelet indique plutôt un soprano grave ; Monjo junior possédait sans doute un soprano plus clair. Dans les adaptations d'opéras de Haendel, traduites et largement modifiées par le directeur de l'opéra Telemann, Monjo d.ä. endosse en effet les rôles à l'origine pour alto, comme Irene dans Tamerlano en 1725 ou dans Muzio Scevola en 1723.
Parmi les autres reprises fortement adaptées au goût local (avec un mélange d'italien, de français et d'allemand, dans les styles correspondants), Monjo l'aînée chante Junon dans Amphitryon de Gasparini (1725) et Nebucadnezar de Keiser (1728), Monjo junior reprend Leonore dans Die siegende Schönheit inspiré de l'entrée L'Amour saltimbanque des Fêtes vénitiennes de Campra, et les deux brillent dans le pasticcio arrangé par Keiser Der lächerliche Prinz Jodelet en 1726 ou encore Pharao und Joseph de Caldara deux ans après. Monjo junior reprend aussi l'intermezzo de Sarro Brunetta e Burlotto en 1725. L'opéra présente également des créations : les Monjo prennent part au doublé Cimbriens allgemeine Frohlocken (Telemann) en prologue au Brestilaus de Keiser. Outre ces deux compositeurs, on joue aussi Kunzen, von Linike, Mattheson, Desmarest et Porpora.
Un certain Monsieur Monjo fait partie de certaines distributions, certainement comme danseur, et peut-être aussi vocaliste (Cupidon dans Ariadne de Keiser en 1724 alors que les sœurs jouent Vénus et Phèdre). Il est sûrement lié aux demoiselles d'une manière ou d'une autre. Du reste, les Monjo ne sont pas les seules à paraître en famille : leurs partenaires réguliers sont les frères Riemschneider (l'aîné est la basse principale de la troupe, et le cadet ténor) et la jeune Mlle Kayserin fille du compositeur Keiser à ne pas confondre avec la prima donna Margaretha Susanna Kayser. Durant les années 1720 s'illustre aussi Domenica Polon, et le castrat contralto Campioli.
Au début de l'année 1729, Monjo (d.j. ?) quitte Hambourg avec un certain Müller, sans doute poète et auteur de livrets, qu'elle épouse. L'autre semble rester à Hambourg où elle décède en 1737, sous le nom de Christel (d'autres prénoms sont suggérés par la recherche).
Un commentaire daté de 1726 précise que « la jeune Montjou a bien joué, mais était vraiment trop maquillée. » La même année, un certain Albrecht Haller écrit « Pollone chanta excellemment. Les deux Montjou sont moyennes, mais la plus jeune sait exprimer quelque passion. » |