Cette soprano originaire de Toscane est plutôt spécialisée dans le genre bouffe, mais se frotte tout de même également au grand genre.
On la repère tout d'abord à Munich de 1772 à 1778, où elle interprète des pages légères, dont La Finta giardiniera de Mozart, mais aussi quelques seconds rôles sérieux comme Larissa dans Il Trionfo di Clelia de Michl (1776) ainsi que, probablement, Sara dans la version munichoise – la seule connue – d'Abramo ed Isacco de Mysliveček, reprenant le rôle du castrat Goti. Elle a pour partenaires réguliers le ténor Valesi et les castrats Consoli et Marchesi. Pendant cette période, la soprano se présente aussi à Milan en 1777 (Le Astuzie amorose de Paisiello avec Mandini), puis Palerme à plusieurs reprises et Naples en 1782-83, pour l'opera buffa avec les basses Ferraro et Morelli.
Rosa est engagée pour la troupe d'opéra bouffe italien de Vienne de fin 1783 à 1785, pendant la décennie la plus glorieuse du genre localement, avec par exemple la basse Stefano Mandini, le ténor Viganoni et la célèbre Storace. On l'entend pour commencer dans La Finta Principessa d'Alessandri : Zinzendorf la trouve laide, avec une grande bouche, et l'empereur n'est guère plus séduit. On reconduit son engagement faute de mieux... Il est possible qu'elle crée notamment Il Re Teodoro in Venezia, œuvre de renommée ensuite européenne, ainsi que d'autres pages de Paisiello, Sarti et Salieri.
Après un passage à Venise en 1785-86, Rosa est ensuite employée à Dresde, où elle participe aux productions bouffes, même si l'Allegranti occupe alors le premier plan. On les entend par exemple dans L'Amore ingenioso, sur diverses musiques de l'incontournable Paisiello en 1786. Manservisi chante aussi les compositions du maestro local Naumann, comme Elisa ou encore L'Amore giustificato en 1792 pour les noces du prince de Saxe. En 1794, elle donne La Principessa d'Amalfi de Weigl. En 1797, elle chante encore à la cour de Saxe, rejointe par Teresa Poggi-Cappelletti, dans I Nemici generosi de Cimarosa. Rosa Manservisi se retire probablement de la scène peu après.
Burney vante le talent de la jeune Manservisi, qu'il entend à Munich dans les années 1770. Le rôle de Sandrina, que l'on suppose généralement écrit pour elle, exige une personalité versatile, noblesse et simplicité, et de bonne capacités vocales.
Sa sœur Teresa chante parfois à ses côtés. |