Quadrio et d'autres sources la disent romaine, d'autres encore milanaise.
Fille d'une autre cantatrice, Leonora Luppi, Silvia Gailarti est déjà engagée à Venise dès 1640 et chante probablement dans Le Nozze d'Enea e Lavinia et/ou Il Ritorno d'Ulisse in Patria de Monteverdi, qui pourrait avoir écrit des pages spécialement pour elle à cette l'occasion : encore très jeune, la chanteuse pourrait avoir incarné la bergère Silvia du premier de ces opéras. C'est Venise, certes alors centre des théâtre lyriques publics, qui paraît occuper principalement Silvia Manni ; elle y est résidente, tient un salon musical avec sa mère et subit les assauts d'un noble local nommé Cavalieri, qui la déflore et lui fait miroiter des engagements à Naples où il prétend connaître la grande Adriana Basile (peut-être alors décédée). Silvia collabore également avec Benedetto Ferrarri. En 1642, on publie déjà des sonnets en l'honneur de la jeune artiste, et de là l'ascension se poursuit. Loredano, fondateur des Incogniti, intellectuels au rôle central dans l'émergence de l'opéra vénitien, la compare à une sirène et affirme même que Silvia peut tuer quiconque entend sa voix ou admire son visage ! On la célèbre encore pour son incarnation dans Il Titone de Faustini et Cavalli, pour la saison 1644-45 du San Cassiano, déjà dans les rôles d'envergure. En 1645, la mère et collègue chanteuse de Silvia est poignardée à Venise, et meurt. Âgée de seize ans, belle et talentueuse, Silvia fait un riche mariage avec l'impresario Pietro Manni.
Peu de traces survivent des engagements de la cantatrice à Venise et ailleurs (sans doute aidée par son mari) au début des années 1650. Quoi qu'il en soit, elle est bien l'une des cantatrices engagées au San Cassiano de Venise pour la saison 1657-58, avec le castrat Cavagna et la basse Formenti. Elle incarne notamment Antiope dans L'Inconstanza trionfante, d'auteurs divers. De nouveau engagée la saison suivante, elle participe à Antioco de Cavalli, puis Eritrea du même en 1660. Elle n'est pourtant que seconda donna et notablement moins bien payée que ses collègues.
En 1662, Manni interprète Ziani à Turin, et chante à Plaisance. Elle affronte le souvenir de la Masotti dans une production de La Dori de Cesti à Parme, en 1665. En 1669, il est établie qu'elle vit désormais à Milan. La même année, elle doit se produire à Mantoue mais n'y paraît finalement pas. Elle y participe toutefois au recrutement d'autres chanteurs, notamment le ténor Scaccia. Lorsqu'elle est encore pressentie pour la production, elle fait preuve des préoccupations habituelles des chanteurs, se plaignant de ne pas avoir suffisamment d'airs à chanter, jugeant qu'untel n'est pas son ami et que le soprano Cioni n'est pas bon, etc. Si elle ne participe finalement pas à cette Eudosia, elle paraît cependant à Mantoue dans Il Gran Costanzo de Tomasi quelques mois plus tard, avec la basse Formenti.
Elle signe la dédicace du livret imprimé de La Regina Floridea à Reggio en 1677, ce qui témoigne en faveur de ses liens avec Pietro Manni. C'est la dernière trace qui reste de la cantatrice. |