Soprano d'origine française, née Vézian par son père et Piccinelli par sa mère (présumée), Maria épouse le chanteur Stefano Mandini, célèbre pour ses incarnations dans l'opéra bouffe. Elle est extrêmement souvent confondue avec sa sœur ou sa mère (sources très discordantes !), cette dernière étant plutôt renommée dans l'opéra sérieux dans les années 1760, et surnommée la Francesina pour ses années parisiennes et son époux. La fille aurait hérité du surnom de sa mère, et serait parfois désignée Piccinelli (du nom de sa mère plutôt que son père). : cela prouverait la filiation de Maria Mandini.
Quoi qu'il en soit, une Marietta Piccinelli paraît dans de modestes rôles comiques à Venise dans la seconde moitié des années 1770 et crée notamment L'Americana in Olanda d'Anfossi en 1778 avec Benucci, le dramma giocoso Gli eroi dei Campi Elisi de Traetta l'année suivante puis Il Bon Ton de Schuster en 1780 avec Francesco Bussani. Est-ce elle, sa mère présumée en fin de carrière, ou sa sœur qui se présente comme seconda donna seria à Padoue et Florence en 1780, par exemple pour la création du Demofoonte de Rust ? Retour au répertoire léger à Florence en 1781, avec encore une reprise des Contrattempi de Sarti notamment. Le baryton Stefano Mandini est aussi à l'affiche : c'est peut-être à ce moment-là que la rencontre a lieu et que la chanteuse épouse son partenaire. Le couple paraît ensemble à Mantoue dans des pages de Cimarosa et Guglielmi, avec Orsola Mattei.
Maria Mandini et son mari sont engagés dans la troupe du Burgtheater de Vienne en 1783, en même temps que la Storace. Les Mandini débutent dans une reprise de L'Italiana in Londra de Cimarosa, la même année. On l'entend également en comtesse dans Fra i due litiganti il terzo gode de Sarti, mais il faut adapter sa partie étant donné la modestie de ses moyens vocaux.
En 1784-85, la cadette de Maria Mandini, nommée Maria Piccinelli (pour simplifier les choses...) est engagée pour sept mois. Après ses débuts dans une reprise des Contrattempi, Zinzendorf la juge franchement mauvaise (l'aînée devait conserver son rôle de Bettina), et de fait cette Piccinelli n'a pas eu la carrière de sa mère ou de sa sœur.
En 1786, la cantatrice incarne Marcelline dans Le Nozze di Figaro de Mozart, avec son époux Stefano, Benucci ou encore Luisa Laschi, après avoir créé Marina dans Il Burbero di buon core de Da Ponte et Martín y Soler. Zinzendorf lance un commentaire lapidaire dans son journal, à propos de cette création : « La Storace chanta bien, Benucci joua parfaitement, la Mandini nous fit voir ses beaux cheveux. » Un document de l'empereur Joseph indique que Stefano Mandini lui demande d'intercéder en faveur de son beau-père Vézian, fermier général, auprès de Marie-Antoinette.
Elle joue la nymphe Britomarte dans L'Arbore di Diana de Martín y Soler en 1787, avec le ténor Calvesi et la Morichelli. Cette même année marque plusieurs participations aux concerts de la Tonkünstler-Societät, dans un morceau de Wagenseil avec la Cavalieri, et Moisè in Egitto de Koželuch.
Le couple Stefano et Maria Mandini quitte Vienne et chante un temps en Italie, à Naples, avant de rejoindre Paris pour 1789 : la troupe italienne donne l'opéra bouffe dans la salle des Machines des Tuileries, avec la Morichelli et Rovedino. Les troubles de la capitale les chassent toutefois du lieu, réinvesti par la famille royale. Dans ses Mémoires d'outre-tombre, Chateaubriand écrit d'ailleurs : « On courait entendre chanter Mandini et sa femme, Viganoni et Rovedino à l'Opéra Buffa, après avoir entendu hurler Ça ira ». Maria Mandini y tient le rang de première chanteuse, mais n'est pas la seule, puisqu'on compte aussi la Morichelli, Mlle Baletti ou Mlle Galli comme prétendantes au titre. Maria alterne donc avec les autres chanteuses dans Il Geloso in cimento d'Anfossi, La Pastorella nobile de Guglielmi, ou reprend Dori, créée par la Coltellini, dans La Grotta di Trofonio de Salieri. En 1792, au grand dam du public, Mandini et son épouse quittent la troupe pour se rendre à Madrid.
On sait assez peu de choses sur la suite de sa carrière : elle accompagne Stefano à St-Pétersbourg mais n'apparaît dans aucun programme, ce qui penche en faveur d'un retrait des scènes. Son charme ne semble guère avoir tenu à ses qualités vocales, comme l'indiquent plusieurs commentaires. Les rôles écrits pour elle sont plutôt graves, pour mezzo-soprano, et l'air de Marcelline Il capro e la capretta – trop systématiquement coupé – contient des vocalises qui exigent plus qu'une simple chanteuse de caractère. Elle semble avoir excellé dans les airs simples et dansants. Voici ce qu'affirme Arthur Young dans ses chroniques de voyage à Paris, après avoir vu La Villanella rapita de Bianchi :
La musique de cette pièce est charmante, d'un jeu agréable et élégant, avec un duo entre la signora Mandini et Viganoni de la plus grande beauté : la première captive par son chant ; sa voix est peu de chose, mais sa grâce, son expression, son âme, tout excite des sensations délicieuses.
Après ses débuts locaux en 1789 le Mercure de France précise :
La Signora Mandini, dont un enrouement subit avait empêché de juger les moyens à la 1re représentation, a complètement réussi aux suivantes. Sa voix n'est ni très-forte, ni si l'on veut, très-belle ; mais sa manière de chanter, simple & proportionnée à ses facultés, est de très bon goût et remplie d'expression ; & et puis elle joue avec tant de grâce, de mignardise, de gaieté, de finesse, qu'on oublie bientôt, ce qui peut lui manquer du côté de la voix.
Les archives notariales de 1817 indique qu'elle était encore vivante et habitait Paris :
Inventaire après décès de Antoine-François Soleri Vezian, à la requête de Marie-Antoinette-Sophie Soleri Vezian, veuve de Etienne-Stanislas-Eloi Mandini, boulevard Poissonnière, n° 11
... où le Mandini en question est le nom francisé de Stefano Mandini, et Marie-Antoinette-Sophie [Maria] sa veuve, qui réclamait ici l'inventaire des biens de son père.
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